La livraison des nouvelles rames Oxygène pour la ligne Clermont-Ferrand Paris, initialement prévue pour 2024, est repoussée à 2027 par le constructeur espagnol CAF, prolongeant ainsi le calvaire quotidien des usagers.
Une situation déjà critique
Le 21 janvier dernier, les usagers de la ligne Intercités reliant Clermont-Ferrand à Paris ont vécu un véritable cauchemar, coincés plusieurs heures dans des conditions précaires. Des passagers gelés, sans chauffage ni nourriture, ont été secourus tardivement par la Croix-Rouge, arrivant finalement à destination avec huit heures de retard. Cette ligne est tristement célèbre pour ses pannes fréquentes et ses matériels vieillissants, des trains Corail âgés de cinquante ans. Le remplacement de ces rames, attendu depuis longtemps, connaît de nouveaux retards, obligeant les usagers à patienter jusqu’en 2027.
Pourquoi ces nouveaux retards ?
Initialement, un contrat signé entre SNCF Voyageurs et la société espagnole Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) en 2019 visait à livrer 28 rames Oxygène d’ici à 2024. À l’époque, cet accord, d’un montant de 800 millions d’euros, avait été accueilli avec enthousiasme. Le projet comprenait la livraison de 12 rames pour la ligne Clermont-Ferrand Paris et 16 pour la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, toutes deux en proie à des défis similaires. Cependant, la pandémie de Covid-19 et la pénurie mondiale de matières premières ont retardé les échéanciers dès le début, repoussant la livraison à 2025.
Laurent Caseau, directeur commercial de CAF France, se confie : « Elles auraient déjà dû être livrées en mai 2024, mais le Covid et les différents problèmes de pénurie de matières premières qui s’en sont suivis nous ont déjà fait perdre un an. » Le 4 mai dernier, un nouveau report a été annoncé, fixant la nouvelle échéance de livraison à 2027, une déception colossale pour les usagers.
Problèmes techniques lors des essais à Velim
À Velim, en République tchèque, où CAF mène des essais de ses rames nouvelle génération, les complications techniques se sont accumulées. Nicolas Guinault, responsable technique chez CAF, explique : « Le début des essais s’est très bien passé, mais on s’est rendu compte que les plaquettes de frein étaient anormalement usées. Nous avons dû tout arrêter en décembre 2023 pour reprendre les essais en laboratoire. » Ces essais en laboratoire ont révélé des vibrations anormales au niveau du moteur, entraînant l’interruption prolongée des tests.
Depuis, CAF affirme avoir résolu les problèmes techniques, permettant ainsi la reprise des essais dynamiques à Velim. Dominique Le Frère, directeur des investissements Oxygène à SNCF, se montre optimiste : « On finit la mise au point à partir de cet été. Puis on commencera les essais qualifiants pour le freinage pendant un an. Si tout va bien, la période de test se terminera en 2026 sur le réseau ferré français. Le lancement commercial est prévu pour 2027. »
Vers un nouveau standard de confort
Avec les rames Oxygène, CAF et SNCF ambitionnent de transformer l’expérience des usagers, promettant un « confort supérieur à celui du TGV. » Bien que ces nouvelles rames n’offrent aucune réduction significative du temps de trajet, elles promettent une modernisation et un confort nettement amélioré. Les usagers de la ligne Clermont-Ferrand Paris pourront espérer un trajet réduit de 15 minutes, passant de 3h30 à 3h15, dans des conditions bien meilleures qu’actuellement.
Laurent Caseau se veut rassurant : « Aujourd’hui notre objectif est de devenir la référence du nouvel Intercités du 21e siècle avec un confort supérieur à celui du TGV. » Cependant, ces promesses de modernisation laissent planer une ombre d’incertitude sur les délais de livraison et la fiabilité des nouveaux équipements.
Un avenir incertain ?
Les retards répétés et les défis techniques ont mis la patience des usagers à rude épreuve. Alors que la frustration grandit, une question demeure : la vision d’un voyage confortable et fiable en Intercités deviendra-t-elle un jour réalité pour les lignes Clermont-Ferrand Paris et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse ? Les voyageurs devront encore patienter, mais jusqu’à quel point ? Seront-ils finalement récompensés pour leur patience, ou devront-ils affronter de nouvelles épreuves avant de voir leurs conditions de voyage s’améliorer ?