Parfois, la distinction entre aidants et passeurs n’est pas évidente, surtout lorsque l’immigration clandestine est le seul fonds de commerce d’une ONG. Alors que des cas de sauvetage étaient déjà considérés comme douteux par l’État italien, c’est aujourd’hui la Grèce qui fait parler d’elle dans le même sens. Trente membres actifs d’une ONG ont été arrêtés par la police grecque pour cause d’aide illégale à des migrants clandestins.

Une crise dans la crise ?

La Grèce a clairement été le pays européen le plus touché par la crise économique mondiale amorcée en 2008, et sa situation difficile a pesé sur la santé financière des autres nations du continent. La lutte contre l’austérité avait conduit à l’avènement de Tsipras, un homme de la gauche populiste voulant une Europe différente et menaçant d’ouvrir les vannes de l’immigration de masse si Bruxelles ne l’écoutait pas. Et ça n’a pas manqué…

Une action d’ERCI en 2016 à Lesbos a été filmée :

Aujourd’hui, alors que la crise migratoire et ponctuellement identitaire a succédé dans une grande partie de l’Europe à la crise économique, l’État grec ne plaisante pas avec les organisations non gouvernementales soupçonnées d’encourager les migrations clandestines sous couvert de philanthropie. C’est l’association ERCI, ayant son siège social en Grèce, qui est dans le collimateur du gouvernement. Six Grecs et vingt-quatre étrangers affiliés à cet Emergency Response Centre International ont été interpellés sur l’île de Lesbos, un endroit stratégique pour l’arrivée de migrants par voie maritime.

Un « réseau criminel » pointé du doigt

C’est la police de Mytilène qui a rondement mené l’opération, cette dernière n’ayant pas été aussitôt commentée par l’ONG visée. Les autorités accusent celle-ci d’agir depuis trois ans pour faciliter illégalement l’arrivée de clandestins sur le territoire national. Cette activité, lucrative pour l’association et ses membres, est considérée comme criminelle.

L’ONG ERCI bénéficie en partie de capitaux étrangers pour mener à bien ses opérations :

Ces arrestations sont dans la continuité de deux premières interpellations intervenues en février 2018 pour violation de secrets d’État et espionnage. Les services grecs avaient en effet constaté l’utilisation indue des fréquences nationales de secours maritime. Il y avait en outre eu usage de faux véhicules militaires. La police considère que l’ONG participe directement et activement aux trafics de migrants palpables sur toutes les rives de la Méditerranée.

En mai 2018, cinq membres de l’ONG avaient déjà été traduits en justice, sans succès. Sur l’île de Lesbos, il y a aujourd’hui encore près de dix mille clandestins parqués sur place. Il s’agit d’un problème national de premier plan, et ces trente arrestations semblent indiquer que le gouvernement grec veut lancer un signal fort et dissuader les flux migratoires de passer par la Grèce.

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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