Les proxénètes étaient douze et avaient tous entre 22 et 23 ans. Pendant leur période d’activité, ils ont repéré 27 jeunes femmes sur les réseaux sociaux et les ont prostituées. Parmi ces femmes, 17 étaient mineures. Les proxénètes profitaient de la détresse (rupture ou fugue) de leurs victimes.
Ils ont tous été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis, jusqu’à trois ans et demi de prison ferme.
Il venait la chercher devant son collège
Fatoumata, âgée de 15 ans, dit avoir été consentante au début. Ayant fugué, elle avait besoin d’argent. C’est une connaissance qui lui aurait présenté l’un des proxénètes. Une fois la situation apaisée avec sa famille, Fatoumata est allée au commissariat avec sa mère pour confier qu’elle était « escort girl ». Rapidement, elle a décidé d’arrêter, mais son proxénète venait la chercher devant son collège.
Une autre jeune femme, Jaëlle (17 ans) a été séduite par la perspective de gagner 500 euros par week-end. Elle raconte comment les proxénètes les prenaient en photo en sous-vêtements avant d’envoyer les annonces sur un site spécialisé. Selon Jaëlle, les douze hommes savaient que certaines de leurs prostituées étaient mineures. S’étant entretenue avec un pédopsychiatre, la jeune femme dit se sentir « sale ».
En une semaine, le réseau pouvait dégager 7 000 euros
En une semaine, dans un appartement avec quatre filles différentes, le réseau dégageait près de 7 000 euros. À la barre, certains des prévenus parlent comme des chefs d’entreprise.
L’un d’eux avait déjà été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour proxénétisme. En colère à l’idée d’avoir été arrêté, il parle de « ses filles » et de « son argent ». Il dit également être tombé amoureux d’une des prostituées.
D’après l’association Agir contre la prostitution des enfants (ou ACPE), si cela représentait de l’argent facile pour les proxénètes, c’était beaucoup plus dur pour les filles qui n’en percevaient qu’une petite partie.
Dans le groupe, tous avaient un rôle bien défini. L’informaticien était chargé des annonces sur internet. Les surveillants protégeaient les filles et récupéraient l’argent. D’autres réservaient les hôtels, achetaient la nourriture ou s’occupaient des puces de téléphone. Certains pensaient simplement « rendre service à un ami » (d’après leurs dires…) en participant au réseau. Beaucoup ont reconnu avoir fait du proxénétisme.