En France, on parle surtout de l’actualité… française. Ce n’est qu’indirectement que l’on évoque d’autres pays, sauf à évoquer de grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, etc.) ou des voisins (Italie, Allemagne, Belgique, Espagne, Royaume-Uni…). De fait, 99 Français sur 100 ne savent pas que les Slovènes sont appelés aux urnes le 3 juin prochain. Il s’agit d’un État de petite taille, mais l’issue du scrutin pourrait être importante pour l’ensemble du continent, ne serait-ce que symboliquement.
Le contexte politique slovène
Les dernières élections législatives en Slovénie ont eu lieu il y a quatre ans, en 2014. Elles étaient anticipées et ont correspondu à la victoire par 34,61 % des suffrages du parti de Miro Cerar, un tout nouveau parti centriste. Il était arrivé devant le Parti démocrate (20,69 % des voix), également centriste, et le parti des retraités (10,21 %). En octobre et novembre 2017, les élections présidentielles slovènes ont marqué la réélection du social-démocrate Borut Pahor face à Marjan Sarec :
Les élections législatives du 3 juin prochain vont permettre le renouvellement des 90 députés de l’Assemblée nationale slovène. Elles interviennent alors que l’année 2017 a été marquée par un double flop référendaire de la part du gouvernement de coalition, les électeurs s’étant désintéressés de ses projets et le « oui » d’un premier referendum ayant été financé par des fonds publics. La présente campagne électorale a officiellement commencé le 4 mai 2018. Elle a également été l’occasion d’évoquer la question migratoire.
Élection slovène et crise migratoire
Depuis les Balkans, la Slovénie est l’une des portes d’entrée possibles vers les pays les plus aisés de l’Europe. Surtout lorsque la Hongrie, l’Autriche et l’Italie ferment leurs portes. Les migrants pourraient même se retrouver coincés en Slovénie si aucun des États voisins n’admettait leur passage ou leur installation… C’est donc une question de grande actualité pour le petit État slovène, d’autant plus qu’on évoque un nouveau passage d’envergure via la Bosnie avec la possible arrivée via la Croatie de 60 000 clandestins vers la seule Slovénie dans les mois à venir. Ce chiffre, dévoilé par la presse croate le 14 mai, proviendrait des autorités publiques slovènes. S’il est authentique, il a de quoi interroger et susciter des débats :
Les migrants évoqués par la presse locale seraient issus de très nombreux pays différents. La plupart seraient musulmans et viendraient d’aussi loin que l’Algérie… ou le Pakistan. Début 2018, il y aurait eu en un trimestre plus de 1 300 tentatives de passer clandestinement la frontière slovène depuis la Croatie, elle-même plaque tournante obligée des migrants venant de Bosnie (quasiment 1 000 kilomètres de frontière très difficiles à surveiller). C’est quatre fois le nombre constaté au premier trimestre de 2017.
Le 11 mai, le Premier ministre de la Hongrie était en Slovénie où il a officiellement soutenu Jansa, le candidat conservateur aux élections, déjà deux fois Premier ministre par le passé mais condamné pour corruption. Le leader hongrois a souhaité mettre la thématique de l’immigration en avant, une minorité hongroise habitant dans l’un des districts du pays. Un congrès a également récemment eu lieu entre le groupe de Visegrád et plusieurs États des Balkans, animé par le ministre hongrois des Affaires étrangères. Le suspense pesant sur les élections du 3 juin en Slovénie semble à peu près total…