Le 8 mai 2018, le nouveau Parlement hongrois a été investi. Sa composition confirme la stabilité politique de la Hongrie, dont le Premier ministre Viktor Orbán amorce son troisième mandat consécutif et le quatrième depuis le début de sa carrière. Mais cette personnalité est loin de faire l’unanimité en Europe, notamment auprès de la grande presse. Disposant d’une majorité des deux tiers, Orbán pourra vraisemblablement appliquer son programme qu’il a récapitulé le 4 mai dernier.
Lutter contre une certaine immigration et une certaine Europe
La question migratoire occupe ces dernières années une large partie des discussions politiques et médiatiques en Europe centrale. On l’a par exemple vu en Hongrie comme en Pologne, en Autriche ou Tchéquie. De fait, le Fidesz résume l’opinion vraisemblablement majoritaire dans le pays : l’islam n’est pas le bienvenu, l’immigration massive mettrait en danger l’intégrité du peuple hongrois tandis que la vague migratoire actuelle apporterait son lot de terroristes. Rappelons que la Hongrie a lutté des siècles durant contre la déferlante ottomane sur l’Europe, et que l’État est constitué sur une ethnie magyare largement majoritaire (95 % environ de la population totale).
Découvrez un reportage Euronews sur le sujet qui nous intéresse aujourd’hui :
Le renseignement hongrois va être renforcé au profit de l’exécutif. En outre, on annonce un amendement de la Constitution visant à interdire à tout ressortissant extra-européen de s’établir en Hongrie. De même, Orbán souhaiterait constitutionnellement empêcher l’application de tout règlement européen pouvant menacer l’identité ethnique de la population hongroise ou l’intégrité de son territoire. En revanche, le gouvernement hongrois souhaiterait attirer des ressortissants européens magyarophiles pour faire venir des capitaux. On évoque déjà des installations de retraités allemands ces dernières années.
Instaurer une « démocratie chrétienne »
Le gouvernement hongrois souhaite en outre lutter contre les influenceurs installés à l’étranger (comme le milliardaire George Soros qui a été souvent évoqué pendant la campagne électorale) et le chantage de la Commission européenne à Bruxelles. En revanche, contrairement à d’autres mouvements du continent, le Fidesz n’est pas opposé à toute Union européenne, préconisant une Europe des nations. C’est d’ailleurs peu ou prou ce qu’il s’efforce de mettre en œuvre avec le V4 (groupe de Visegrád) et quelques autres voisins. Des journalistes du Figaro débattaient à ce sujet le mois dernier :
Du côté du constructif et non plus de la lutte, Viktor Orbán a parlé d’établir « une démocratie chrétienne à l’ancienne ». Celle-ci consisterait en la séparation des pouvoirs, en la reconnaissance des traditions hongroises et européennes, ainsi qu’en la défense de la dignité de la personne humaine. La défense du christianisme trouve un profond écho dans les campagnes hongroises, même si le pays est principalement divisé entre catholiques et protestants.
Le mandat d’Orbán est de quatre ans. Pour l’instant, il n’a pas annoncé de calendrier précis. Il faudra donc suivre pas à pas ses réformes.
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