Un certain 10 avril 2010, l’avion présidentiel polonais s’écrasait au moment d’atterrir à Smolensk. Ses 96 passagers, particulièrement notables, sont morts lors de ce crash qui a suscité bien des suspicions. Aujourd’hui, le dossier est loin d’être clos…

Retour sur les principales données de l’accident présumé

À 10 h 41 heure locale, c’est une véritable catastrophe à Smolensk. Cherchant à atterrir sur l’aéroport au nord de la ville, l’avion présidentiel polonais – un Tupolev Tu-154M – s’écrase avec ses 96 passagers, plus importants les uns que les autres. Le président polonais Lech Kaczyński y trouve notamment la mort avec sa femme. Parmi les victimes de marque, figurent également Kaczorowski (ultime président de la République de Pologne en exil pendant la dictature communiste), Komorowski (vice-ministre de la Défense), Kremer (vice-ministre des Affaires étrangères), Merta (vice-ministre de la Culture) et Skrzypek (directeur de la banque centrale polonaise). Ont également trouvé la mort plusieurs députés et sénateurs, ainsi que des officiers généraux, des ecclésiastiques et diverses personnalités culturelles ou académiques. Un reportage d’Euronews en parlait en 2012 :

La tragédie a eu lieu alors que cette délégation polonaise se rendait en Russie pour commémorer le massacre de Katyń, par lequel les Soviétiques avaient éliminé une partie de l’élite polonaise avant de mettre pendant plusieurs décennies ce crime sur le dos des nazis vaincus. Les tensions diplomatiques entre Pologne et Russie étant réelles, la thèse de l’attentat a tout de suite été évoquée. Pourtant, la conclusion de la première enquête – exclusivement russe – est celle d’un accident dû à des conditions météorologiques difficiles, une erreur de pilotage sous pression des passagers ayant résolument désiré forcer l’atterrissage (allégation refusée par les nouveaux enquêteurs polonais qui évoquent des informations peut-être défaillantes de la part de l’aéroport – ou un défaut de signalisation).

La convocation de Donald Tusk

Pour les Russes, l’affaire est classée. Mais les Polonais ne sont pas de cet avis. Ils ont pu se rendre compte que des techniques d’identification de voix déficientes avaient été utilisées par les premiers enquêteurs, que des autopsies pratiquées en Russie avaient été falsifiées (fait remarqué après l’exhumation de plusieurs corps), que l’épave de l’avion avait été détruite par les services russes, que les boîtes noires originales ont été confisquées par la Russie… De quoi alimenter les bruits les plus fous et soulever des doutes compréhensibles. Par conséquent, en 2015, le frère du président défunt a fait ouvrir une nouvelle enquête, en Pologne cette fois-ci. Euronews évoquait au printemps 2017 ses avancées :

Un procès est en cours contre Tomas Arabski, chargé au sein de la chancellerie d’organiser ce voyage à l’issue funeste. C’est l’aboutissement d’une plainte de familles de victimes. Donald Tusk, président du Conseil européen et jadis Premier ministre d’opposition en Pologne, a été de nouveau convoqué pour le 30 avril 2018.

C’est sa seconde audition après celle de juillet 2017. À ce moment-là, il avait été interrogé quant à l’interversion de plusieurs corps de victimes dans des tombes polonaises. Aujourd’hui, on lui reproche surtout d’avoir accepté en 2010 que toute l’enquête soit officiellement assumée par la Fédération de Russie. Certains voudraient même qu’il soit jugé pour haute trahison.

Dans les faits, lors de l’interrogatoire public, Tusk a surtout joué sur l’oubli. Il faut rappeler qu’il aurait pu, et aurait initialement dû, se trouver dans le même avion que son président et adversaire politique. Une histoire bien compliquée dont la procédure judiciaire polonaise n’est pas encore terminée…

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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