Après l’affaire de l’attaque chimique présumée du 7 avril, qui n’est pas une première, trois puissances occidentales ont choisi de bombarder des positions du régime syriens dans la nuit du 13 au 14 avril 2018. Les nations impliquées sont les États-Unis d’Amérique, la France et le Royaume-Uni.
Une frappe annoncée
Les Casques blancs, des secouristes auxiliaires de rebelles islamistes, pourraient être à l’origine des images vidéo prises le 7 avril 2018. Il y était imputé une attaque chimique contre des populations civiles, alors que les derniers djihadistes étaient près d’abandonner la Ghouta. Bachar el-Assad avait aussitôt démenti les faits, soutenu par ses alliés, à l’instar de la Russie.
La France, le Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique ont cependant annoncé des représailles, contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne qui s’est d’emblée refusée à une frappe, les preuves manquant encore d’après la chancelière. Si Donald Trump avait fait mine de reculer légèrement, la frappe a finalement eu lieu dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 avril. On parle de cent missiles de croisière environ. France 24 a dédié un reportage à cette opération non mandatée par les Nations unies :
D’après l’agence de presse SANA en Syrie, cette opération militaire a visé un centre de recherches à Barzeh ainsi que des dépôts de l’armée syrienne régulière à Homs. La plupart des missiles auraient été détruits en vol (71 sur 103 selon les derniers chiffres disponibles) ou détournés par les défenses antiaériennes syriennes d’origine russe. Des laboratoires scientifiques et un local d’enseignement auraient cependant été détruits parmi les infrastructures de Barzeh. Il y aurait également eu trois blessés civils. Dans un contexte encore marqué par l’affaire Skripal, la tension internationale reste à son comble.
Quelles conséquences ?
À l’heure où nous écrivons, une escalade reste malheureusement possible. Mais l’issue la plus probable est le tassement de l’affaire. En effet, la Russie n’a pas réagi de façon grandiloquente et même les médias occidentaux les plus hostiles au régime de Bachar el-Assad en Syrie s’interrogent ouvertement sur la réalité de l’attaque chimique du 7 avril. Le quotidien français Le Monde décrit par exemple de « nombreuses inconnues », et ce avant la publication de documents par le ministère de la Défense russe.
Certains analystes en géopolitique estiment que Donald Trump n’était finalement pas favorable à de véritables représailles et aurait consenti à ces frappes – relativement – contenues pour satisfaire les néo-conservateurs américains. D’autres vont même jusqu’à évoquer un acquiescement de Moscou, avec la condition d’une frappe légère, faisant confiance à la DCA mise en place en Syrie. D’ailleurs, l’armée russe n’a pas bougé pour détruire des vecteurs ou bombarder des bases, ce qui aurait pourtant été dans ses capacités. Poutine pourrait également compter sur ses preuves contre la réalité de l’attaque chimique présumée du 7 avril pour ternir l’image de ses puissances rivales ayant pris part à l’agression. La Chine s’en sort elle aussi la tête haute en passant pour le garant du droit international en rappelant à l’ordre les auteurs de l’attaque.
Ainsi, la « frappe lourde » mentionnée par James Mattis, secrétaire à la Défense des États-Unis, serait avant tout rhétorique. Le même individu a évoqué la fin de l’opération tripartite et l’absence de projets de bombardements supplémentaires, ce qui semble signifier qu’il n’y aura aucune nouvelle frappe. Un communiqué de l’Élysée le 14 avril abonde dans le même sens. Cette intervention aérienne s’est faite sans mandat international, c’est-à-dire en marge de la légalité. En voici d’autres images, également signées France 24 :
En Syrie, Bachar el-Assad a via Telegram évoqué être plus que jamais déterminé à annihiler le terrorisme sur son territoire. Il a publiquement dit penser que les Américains s’arrêteraient là et que cette opération faisait en réalité état de l’échec des puissances occidentales en Syrie. À Damas la capitale, des Syriens ont déployé des drapeaux et manifesté le samedi 14 avril au matin pour protester contre les frappes de la nuit et faire part de leur soutien au régime d’el-Assad. Mais jusqu’où iront ces péripéties ?