Les Français pensent être les champions du monde de la grève. Cette opinion répandue est généralement partagée par nos voisins immédiats : Allemands, Anglais, Espagnols, Italiens… Mais qu’en est-il réellement ? Coluche et les Inconnus avaient-ils vraiment raison de se moquer de cette propension apparemment toute gauloise ? Il semblerait que oui, la preuve avec des chiffres…
La grève, un sport national ?
En Allemagne, le très sérieux Institut der Deutschen Wirtschaft a étudié en 2017 les statistiques des grèves dans un grand nombre de pays. Cette enquête a été réalisée par le docteur Hagen Lesch. Elle s’applique à la période courant de 2007 à 2016, tout en comparant cette dernière à la décennie antérieure. Les résultats donnés sont exprimés en total des jours de travail perdus… pour 1 000 salariés.
Or, la France est actuellement en tête, mais pas aussi largement qu’on pourrait le croire. Avec ses grèves, elle aura en moyenne perdu en dix ans 123 jours de travail pour 1 000 travailleurs, soit un mois de plus que pour la période précédente. Pour beaucoup, la SNCF reste l’emblème le plus visible des mouvements de grève :
Avec 118 journées, le Danemark n’est pas bien loin, mais avec une dynamique inverse : 39 jours perdus en moins, ce qui signifie que la grève est en perte de vitesse dans cette contrée.
On ne sait si cela est dû à une persistance de l’esprit français, mais le Canada clôt le trio de tête (87 journées), tandis que la Belgique arrive en quatrième position (79) grâce à une progression comparable à celle de l’Hexagone. Le top 5 est clôturé par l’Espagne, la crise économique y ayant été particulièrement difficile et cause de différents mouvements contestataires. Il n’y a aucune donnée pour l’Italie, mais il est possible qu’elle soit en réalité devant les Espagnols.
Retour les pieds sur terre
Entre les 123 journées de la France et les 54 de la Norvège, à la sixième place du classement, il y a déjà un large fossé. Suivent la Finlande (40 jours), l’Irlande (30) et le Royaume-Uni (24). Le top 10 se termine avec le Portugal et ses 17 journées. Le tout avant les deux semaines de Malte et de l’Australie.
Encore un peu plus d’une semaine de travail a été perdue en dix ans pour 1 000 employés en Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas. Les sept jours sont très exactement atteints par l’Allemagne, même si de récents conflits sociaux devraient rehausser les statistiques de notre voisine outre-Rhin pour les dix années suivantes. On tombe en deçà d’une semaine pour les États-Unis, la Suède, la Pologne, la Hongrie et l’Autriche. Nous trouvons un score symbolique pour la Suisse : un jour ! Ont de quoi nous étonner la Slovaquie et le Japon, où aucune grève à proprement parler n’est à retenir selon les critères mentionnés. Mais on trouvera quelques exceptions notables, comme avec les pêcheurs japonais :
https://www.youtube.com/watch?v=KnrqmIsOUuU
Ces données se veulent très générales. Il serait intéressant de pouvoir disposer de statistiques plus précises, par secteur d’activité économique par exemple… Avis aux cabinets spécialisés !
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oui et on vous emmerde si vous n’êtes pas capables de comprendre pourquoi !!