Dans la première moitié du XVIIe siècle, la « guerre de la mère et du fils » avait agrémenté l’histoire française en mettant Louis XIII aux prises avec Marie de Médicis. Quelques siècles plus tard, une querelle politico-familiale oppose un père et sa fille, mais cette fois-ci plus loin du pouvoir… Le congrès du Front national à Lille les 10 et 11 mars 2018 a été l’occasion de relancer ces dissensions, avec notamment un changement de nom et la suppression de la fonction de « président d’honneur ».
La fille attaque le père
La famille Le Pen occupe une place certaine dans l’espace médiatique français depuis plusieurs décennies. Certains de ses membres sont habitués aux dérapages plus ou moins volontaires et aux traits d’humour pour ainsi dire douteux. Ses querelles internes alimentent elles aussi l’actualité : on se souvient de la confirmation par les tribunaux français du titre de « président d’honneur » du Front national dévolu à Jean-Marie Le Pen mais combattu par sa fille Marine.
Le dimanche 11 mars 2018, le Front national a changé de nom. Il s’agit désormais du Rassemblement national. Cette nouvelle avait été pressentie voire annoncée au cours de ces derniers mois. Mais en voici l’officialisation par la présidente du parti d’extrême droite :
Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti, avait déclaré que tout changement de dénomination serait malvenu. En le contredisant, Marine Le Pen donne un nouveau soufflet à son père, avec lequel elle souhaite rompre, dans un désir de dédiabolisation. En outre, les nouveaux statuts adoptés par le Congrès national ont tout bonnement supprimé la fonction de « président d’honneur », nouveau pied de nez pour le Menhir.
Enfin, il semblerait que malgré un changement de dénomination officielle, le nom « Front national » appartienne toujours au parti de Marine Le Pen, le but de la manœuvre étant d’empêcher son père de le reprendre à son compte, comme il semble le vouloir…
Le père répond à sa fille
Proche de ses 90 ans, Jean-Marie Le Pen est encore en forme et très actif. Il donne beaucoup de fil à retordre à sa fille Marine, qu’il ne se prive pas de critiquer… Sa première séance de dédicace, à la Librairie française en plein Paris le 10 mars 2018, a semble-t-il été un succès. Ses lecteurs ont dû attendre jusqu’à 4 h dans la queue avant d’obtenir une signature… Les ventes inattendues de ces Mémoires ne semblent cependant pas inquiéter Marine Le Pen.
Lundi matin, commentant le congrès de la veille, Jean-Marie Le Pen s’est dit écœuré. Il a parlé d’« assassinat politique » à son encontre :
Ses désirs seraient de reprendre le nom abandonné, « Front national », mais ce pourrait être le début d’une nouvelle bataille juridique entre le père et la fille. Le Menhir a en outre raillé le choix de cette dernière qui, en voulant opérer une coupure avec lui, aurait sans le savoir repris l’un de ses slogans datant de 1985 et 1986 ! Une affaire à suivre dans les prochaines semaines…