Près de 100 journalistes font bénévolement part de leur savoir-faire dans des établissements d’enseignement secondaire. Ils sont issus de l’Agence France-Presse et du quotidien Le Monde, qui a évoqué le projet « Entre les lignes » l’année dernière. L’objectif est d’éduquer les jeunes aux médias et à l’information. Le 4 mars 2018, le ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé vouloir débloquer des moyens dans le même sens.

Des ateliers pour collégiens et lycéens

Il existe déjà un budget consacré à l’« éducation aux médias ». Cependant, le 4 mars dernier, Françoise Nyssen l’a jugé insuffisant et a déclaré désirer le doubler. Le ministre de la Culture a également annoncé la création d’une interface de décryptage des informations qui sera assumée par les médias publics. L’information a été dévoilée par l’intermédiaire du quotidien Le Figaro. Voici un exemple de ce qui se fait déjà en matière d’éducation médiatique des jeunes publics :

Le plan ministériel comprend trois segments. Le premier s’intéresse à un accroissement de l’action des journalistes et associations animant déjà des ateliers en ce sens dans les écoles. Le deuxième est d’étendre les initiatives de ce type aux bibliothèques et médiathèques publiques. Enfin, le troisième est la constitution d’une interface publique pour décrypter les informations. Une réunion est prévue à ce sujet le 19 mars 2018. Ainsi, les pouvoirs publics assumeront le monopole officiel de la garantie de fiabilité de l’information.

Jusqu’à présent, l’éducation aux médias disposait d’un budget annuel de trois millions d’euros. Celui-ci va être doublé pour passer à six millions. Il profite notamment aux associations œuvrant spécialement dans ce secteur. Le service civique sera également mis à contribution. L’objectif est d’unifier et de rationaliser les initiatives qui existent déjà, mais de façon éparpillée. Le gouvernement s’inscrit en partie dans la continuité des « décodeurs » du Monde, lesquels ont cependant pu commettre quelques erreurs par le passé.

Un contexte houleux

L’annonce du ministre de la Culture Françoise Nyssen intervient alors que la situation est agitée. Laurent Wauquiez, président du parti Les Républicains, ainsi que Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France insoumise, ont tous les deux attaqué récemment de front le « parti médiatique » en popularisant le concept de « haine médiatique ». Ce dernier a d’ailleurs alimenté un débat violent entre le journaliste Jean-Jacques Bourdin et le député Alexis Corbière sur BFM TV en début de semaine :

https://www.youtube.com/watch?v=sluyes2z130

Parallèlement, le contexte est marqué par la récente annonce d’une loi contre les fake news visant à encadrer leurs canaux de diffusion, et notamment les réseaux sociaux. Des mouvances de tous bords ont fait valoir leurs inquiétudes quant au respect de la liberté d’opinion et d’expression. De fait, le délit de fausse nouvelle existant déjà depuis 1850, de nombreux juristes s’interrogent sur le bien-fondé d’une nouvelle législation.

Ces différents éléments, en créant la peur de la constitution d’un empire politico-médiatique non pluraliste, risquent d’atteindre des objectifs inverses à ceux qui sont désirés. Une affaire à suivre dans les mois à venir !

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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