08Le groupe de Visegrád – ou V4 – est constitué de quatre membres de l’UE formant un même bloc géographique. Du nord au sud, ce sont la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et la Hongrie. Ces différents pays se sont illustrés par leur refus de la politique migratoire de Bruxelles. Le tout nouveau Premier ministre polonais a réalisé sa première visite internationale… en Hongrie. Le message envoyé à ceux qui espéraient une inflexion de la politique de la Pologne est très clair.
Changement ministériel en Pologne
La parti de droite PiS (« Droit et justice ») a été fondée en 2001. Il avait déjà été au pouvoir avec les frères Kaczyński, dont l’un avait péri au cours d’un accident d’avion. Après un intermède entre 2007 et 2015, il revient au pouvoir avec un programme conservateur, sous la houlette du président Andrzej Duda et du Premier ministre Beata Szidło, femme emblématique du groupe.
Mais cette dernière a quitté le 7 décembre dernier – tout en restant membre du gouvernement – le Matignon polonais au profit de Mateusz Morawiecki. Celui-ci était depuis le 16 novembre 2015 vice-président du Conseil des ministres (genre de doublure du Premier ministre) et ministre du Développement. Le 28 septembre 2016, l’ancien banquier héritait du ministère des Finances. La presse française l’a présenté comme étant plus modéré que Szidło, car il n’a adhéré au PiS qu’en 2016.
Libéral au sens classique du terme dans le domaine économique à l’intérieur des frontières, il souhaite un protectionnisme pour la Pologne. Il s’est plusieurs fois montré hostile à la présence de capitaux étrangers jugés trop nombreux.
La signification d’une visite
Le nouveau chancelier autrichien Sebastian Kurz (droite conservatrice), un jeune homme de 31 ans assisté d’un vice-chancelier de la droite nationale, s’est empressé de se rendre à Bruxelles pour apaiser les membres de la Commission européennes. Certains pensaient que Mateusz Morawiecki ferait de même, mais il a créé la surprise en prenant la direction opposée. En effet, le Premier ministre polonais a rendu visite à son homologue hongrois, Viktor Orbán. La Hongrie semble être le pays aux relations les plus froides avec les institutions européennes. Le fait que le dirigeant polonais ait accordé sa première visite officielle à Budapest est donc hautement symbolique. Par exemple, le geste d’Emmanuel Macron se rendant auprès d’Angela Merkel marquait lui aussi une réelle volonté politique.
Lors de cette rencontre, le même rejet de la politique migratoire de l’UE a été confirmé. La Pologne et la Hongrie ont défendu le projet d’une Union des nations européennes, ayant peur de revivre le joug d’une nouvelle Union soviétique. La culture chrétienne de l’Europe a été réaffirmée par les deux ministres. Les deux nations se considèrent de plus comme étant, avec leurs voisines, « le moteur économique de l’UE » par la production de biens de consommation réels. Elles ont prévu de multiplier leurs échanges, aussi bien physiques que politiques, comme avec la via Carpatia entre Varsovie et Budapest ou des interventions communes auprès de Bruxelles.
La visite de Mateusz Morawiecki sera bientôt rendue : il a invité son homologue à la célébration du centenaire de l’indépendance polonaise. Ce rapprochement se fait malgré une légère divergence d’opinions concernant la Russie. En voici des images :
La question qui reste en suspens concerne l’Autriche : celle-ci renforcera-t-elle le bloc du V4 ? Et, si oui, la contagion finira-t-elle par atteindre au gré des élections la Roumanie, l’Allemagne et d’autres pays ?
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