Les élections présidentielles autrichiennes de 2016 avaient été très serrées. Le second tour avait même dû être réitéré à cause d’un faible écart de voix et d’irrégularités. Finalement, c’est le candidat écologiste Alexander Van der Bellen qui fut élu avec 53,79 % des suffrages exprimés. Depuis, les cartes politiques ont été rebattues.
La droite a continué de progresser en Autriche
En décembre 2016, Norbert Hofer avait obtenu 53,8 % des voix, contre 50,35 lors du second tour annulé de mai 2016. Il s’agit du leader du FPÖ, parti dont la dénomination pourrait être traduite par : « Parti pour la liberté de l’Autriche ». La plupart des médias français considèrent qu’il s’agit d’un mouvement d’extrême droite, tandis que l’on parle plutôt de « droite nationale » dans d’autres pays. D’ailleurs, le FPÖ a déjà gouverné en Autriche avec le centre gauche, au niveau national (1983-1986) ou régional (actuellement).
Ces élections présidentielles de 2016, avec une forte hausse du FPÖ par rapport aux précédents scrutins, ont mis en exergue une profonde cassure dans le pays. En mai 2016, le territoire autrichien vote majoritairement Norbert Hofer, mais les villes peuplées permettent la victoire des Verts. En effet, seuls l’agglomération viennoise, Graz, Linz ainsi que deux districts du Tyrol ont permis l’élection de Van der Bellen. Rappelons que l’Autriche est un pays peuplé de moins de 9 millions d’habitants, particulièrement inquiété par l’afflux de migrants. La Hongrie voisine a d’ailleurs adopté une politique anti-migration des plus fermes.
Le nouveau gouvernement autrichien
À Vienne, métropole comptant presque 2 millions d’habitants, 5 à 6 000 personnes seulement ont manifesté après l’annonce de la formation d’un nouveau gouvernement en Autriche. De fait, le contexte politique préparait depuis plusieurs mois l’opinion publique, si bien que la nouvelle n’a paru guère étonnante à de nombreux Autrichiens. Il s’agit, après deux mois de négociations, d’un gouvernement de coalition qui représente près de 60 % des électeurs ayant participé aux dernières élections.
Le nouveau gouvernement est une alliance entre droite nationaliste et droite conservatrice. Il s’agit du FPÖ et de l’ÖVP (Parti populaire-démocrate autrichien), vainqueur des législatives d’octobre 2017. Le premier a recueilli un peu plus d’un quart des voix (25,97 %) et le second 31,47 %. Le chancelier est désormais le jeune et très conservateur Sebastian Kurz (31 ans, ÖVP), aidé par le vice-chancelier Heinz-Christain Strache (46 ans, du FPÖ). Le président de la République fédérale d’Autriche désigné l’année dernière, bien qu’écologiste, conserve ses fonctions. Il a d’ailleurs investi les nouveaux ministres, au nombre de treize.
Aux élections législatives, le parti de l’actuel président fédéral n’a recueilli que 3,80 % des suffrages. Le SPÖ, ou parti social-démocrate, est arrivé deuxième, avec 26,86 % des bulletins. Ce mouvement qui a longtemps gouverné l’Autriche contemporaine se retrouve ainsi dans l’opposition. Le FPÖ arrive en tête dans le sud du pays.
Cette information politique peut avoir des conséquences importantes d’un point de vue géopolitique. En effet, l’Autriche devrait grossir les rangs du groupe de Visegrád qui donne du fil à retordre à la Commission européenne. Avec la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie, l’Europe centre-orientale semble désormais former une véritable communauté de pensée. Mais le nouveau gouvernement autrichien sera attendu à la moindre erreur.
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