La plus grande vague de réfugiés depuis la guerre de Yougoslavie
Depuis quelques mois maintenant, l’ampleur de la crise migratoire atteint des proportions pharaoniques. Au cœur de l’Europe se bousculent des réfugiés syriens, afghans ou érythréens, tentant de fuir la guerre ou la dictature pour se réfugier en Allemagne ou en Suède.
De récents événements, tels que la photo choquante du petit Ayan ou encore la mort de 71 migrants dans un camion en Autriche, ont conduit les chefs d’Etats et de gouvernements européens à réagir. Alors que des banderoles sur lesquelles on peut lire « Willkommen ! » fleurissent dans les stades allemands ou autrichiens, la France se terre quant à elle dans un silence assourdissant et la Hongrie installe à ses frontières de longs murs de barbelés. Une situation critique dont quatre chiffres permettent d’illustrer l’ampleur de cet exode massif venu d’Afrique et du Moyen-Orient.
1. 3,9 millions de réfugiés syriens
C’est ici le nombre de migrants ayant fui la Syrie, un chiffre donné par l’UNHCR, l’Agence des Nations Unis pour les réfugiés. À eux seuls, ils représentent près de 20% des réfugiés au niveau mondial, faisant de ce pays la première source de réfugiés devant l’Afghanistan, la Somalie et le Soudan. Un chiffre qui devrait atteindre 4,3 millions de personnes exilées d’ici la fin de l’année, dont près de la moitié ont moins de 18 ans.
Parmi les pays accueillant le plus les réfugiés syriens, la Turquie est à la première place avec 1,5 million de migrants, suivi de près par le Liban avec 1,2 million. Des pays qui ne sont, pour de nombreux syriens, que des étapes avant de rejoindre l’Europe.
2. 360.000 migrants en Méditerranée
Depuis le début de l’année 2015, environs 360.000 migrants ont traversé la mer Méditerranée, faisant d’elle l’un des principaux carrefours migratoires, les réfugiés étant originaires pour 40% d’entre eux de Syrie, les autres fuyant la Libye, l’Érythrée ou le Soudan. C’est aussi l’un des passages les plus meurtriers : pas moins de 2800 migrants sont morts en tentant de rejoindre cette année les côtes grecques et italiennes. Au regard de l’importance de ce carrefour, l’UNHCR a mis en ligne un site recensant quotidiennement l’arrivée de migrants par la mer, ainsi que ceux qui ont perdu la vie au cours de cette traversée.
3. Un demi-million de demandes d’asiles
Il s’agit du nombre total de demandes d’asiles en 2014 pour l’ensemble de l’Union Européenne. Un chiffre deux fois plus élevé qu’en 2011 selon les Nations Unies, dont la majorité des demandeurs sont syriens, afghans et kosovars. Il existe cependant de fortes disparités entre les pays européens : l’Allemagne se place en tête des pays d’accueil avec près 173.000 demandes en 2014, alors que le Royaume-Uni n’en comptait que 31.000 demandes, l’Espagne un peu moins de 6000.
Pour la France, l’évolution est plutôt étonnante : bien que toujours placée dans le quatuor de tête, derrière l’Allemagne, l’Italie ou la Suède, c’est aussi l’un des pays où les demandes d’asiles restent stables : en 2014, près de 59.000 demandes furent faites contre 60.000 en 2013 et 55.000 en 2012. Loin donc de l’idée d’un afflux massif de demandeurs d’asiles en France, cette dernière est relativement tenue à l’écart de l’exode syrienne ou afghane par rapport aux pays de l’Europe Centrale et du Sud.
4. 41,6 % des demandes d’asiles acceptées en Allemagne
Pour l’année 2014, nos voisins d’outre-Rhin ont largement ouvert leurs portes en acceptant près de 40.500 demandeurs d’asiles sur 97.000 demandes. L’Allemagne se place en conséquence parmi les pays les plus accueillants d’Europe cette année-là, et il est fort probable que l’année 2015 ne fasse pas exception. Un accueil qui s’explique en partie par une situation démographique peu enviable et favorisant donc l’accueil de migrants. En revanche, la France – qui se targue d’être la patrie des droits de l’Homme – n’a accepté sur un total de 68.500 demandes traitées que 20 % d’entre-elles en 2014, soit 14.800 personnes.
Crédit photo principale : Massimo Sestini – World Press Photo