Michel Ier, roi de Roumanie jusqu’à la fin de la monarchie en 1947, est décédé en Suisse à l’âge de 96 ans le 5 décembre 2017. Son histoire, aussi riche que mouvementée, est à l’image de celle du siècle dernier. Cette disparition intervient un an après celle du roi Bhumibol de Thaïlande.
Les origines d’un monarque déchu
Michel de Roumanie était l’un des derniers anciens chefs d’État encore en vie à avoir connu les heures sombres de la seconde guerre mondiale. Il est né à Sinaia, au nord de Bucarest, le 25 octobre 1921. Le prince était issu de la dynastie allemande Hohenzollern-Sigmaringen. Celle-ci était montée sur le trône roumain en 1866 après la destitution par les parlementaires roumains du prince Cuza. L’empereur des Français Napoléon III était intervenu à cette époque en faveur de la jeune dynastie contre la Russie. La principauté de Roumanie devint un royaume à proprement parler à partir de 1881.
Michel de Roumanie était l’arrière-arrière-petit-fils de la reine Victoria. Il comptait parmi ses cousins Élisabeth II, Juan Carlos, la reine du Danemark ainsi que les rois de Norvège et de Suède. Mihai fut le cinquième et dernier souverain de sa maison à régner sur la Roumanie. Il a traversé le XXe siècle et s’est trouvé au cœur des événements les plus marquants de l’époque. Avec sa mort, c’est une page de l’histoire de la Roumanie qui se tourne.
Retour sur un parcours mouvementé
Le règne de Michel Ier commença tôt. En effet, il hérita du pouvoir en 1927, à la mort de son grand-père Ferdinand Ier. Une régence tripartite était instaurée. Dès 1930, son père Carol II prenait le pouvoir. Pourtant, il en avait été théoriquement écarté en 1925. Il faut attendre 1940 pour que Michel Ier reprenne la couronne. À ce moment-là, il n’a encore que 18 ans.
Pendant la seconde guerre mondiale, sa cohabitation avec le maréchal Antonescu est difficile. Par conséquent, le roi préfère aider la Résistance en cachette. Il parvient cependant à faire tomber son ministre pro-allemand en 1944, faisant officiellement passer la Roumanie dans le camp des Alliés.
Un long exil en Suisse
La royauté romaine est solennellement abolie en 1947. En effet, l’Armée rouge avait libéré le pays en 1944. L’opinion publique n’étant pas spécialement favorable aux communistes, ceux-ci choisirent l’intimidation pour forcer le roi à abdiquer et à s’exiler. Une dictature pro-soviétique se met donc en place, multipliant les exactions. Michel de Roumanie s’installe alors en Suisse, où il est mort le 5 décembre 2017 à 96 ans.
Après la chute de la dictature communiste de Ceausescu en 1989, Michel de Roumanie put repasser dans son pays natal dès décembre 1990. Il décida malgré tout de conserver sa vie d’exil en Suisse. En 2007, il abandonna tous les titres allemands de sa maison et remit en avant ses prétentions roumaines. Souffrant d’un cancer et d’une leucémie, il avait totalement abandonné le devant de la scène en 2016, année de la mort de son épouse Anne de Bourbon-Parme. Comme la mouvance monarchiste roumaine est encore relativement importante, Margareta – l’aînée de ses cinq filles – a continué de l’y représenter ces derniers temps. De fait, elle est l’héritière théorique de la couronne. Mais la Roumanie reste une République semi-présidentielle.