Des associations européennes de consommateurs accusent la plateforme chinoise Temu de manipulations et tromperies, et portent plainte contre celle-ci pour violation du règlement de l’UE sur les services numériques.
Une plateforme aux pratiques trompeuses
Des accusations lourdes pèsent sur Temu, la plateforme chinoise de commerce en ligne. Des associations européennes de consommateurs ont déposé une plainte simultanée auprès de la Commission européenne et des autorités nationales, dénonçant des interfaces visant à manipuler les acheteurs, ainsi qu’une violation flagrante du règlement de l’UE sur les services numériques (DSA). Monique Goyens, directrice générale du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), souligne, par le biais d’un communiqué, l’utilisation par Temu de « dark patterns » pour pousser les consommateurs à dépenser plus.
Violation du DSA et parcours utilisateur compliqué
Entré en vigueur en février, le DSA impose des obligations strictes aux plateformes en ligne pour protéger les internautes contre les contenus illicites et garantir une plus grande transparence. Les interfaces trompeuses et l’opacité des algorithmes sont interdits par ce règlement. En dépit de ces exigences, le BEUC indique que Temu ne fournit souvent pas d’informations essentielles sur les vendeurs et les produits. Le parcours de l’utilisateur, de l’achat à la clôture de compte, est intentionnellement complexe et décourageant.
Fraude et manque de transparence
Parmi les allégations, le BEUC pointe du doigt l’incapacité de Temu à vérifier l’identité des vendeurs et à bloquer les récidivistes, laissant ainsi place à des fraudes potentielles. De plus, Temu est accusé de ne pas divulguer suffisamment d’informations sur ses systèmes de recommandation et les critères utilisés pour proposer certains produits. Cette opacité soulève des questions majeures concernant la sécurité et la conformité des produits par rapport aux normes de l’UE.
Cas spécifiques en Italie et Allemagne
En octobre, Altroconsumo, l’association italienne de consommateurs, a analysé 13 produits cosmétiques vendus sur Temu. Il en ressort que neuf de ces produits ne mentionnaient pas clairement leurs ingrédients, soulevant des préoccupations quant à leur sécurité. De son côté, la fédération allemande des organisations de consommateurs (VZBV) a observé des avis trompeurs sur les produits et des réductions de prix non véridiques. Bien que VZBV ait contraint Temu à des modifications, celles-ci restent pour l’instant limitées au marché allemand.
La croissance rapide et ses conséquences
Depuis deux ans, Temu connaît une expansion fulgurante en Europe, atteignant plus de 75 millions d’utilisateurs mensuels grâce à ses prix attractifs. Cependant, cette croissance rapide s’accompagne de controverses et de pratiques commerciales douteuses. Le BEUC insiste sur la nécessité d’une enquête approfondie de la part des autorités pour déterminer l’ampleur des violations du DSA par Temu.
Quelles attentes pour l’avenir ?
La plainte déposée par le BEUC et ses membres pourrait marquer un tournant pour les plateformes en ligne opérant en Europe. Si les accusations portées contre Temu s’avèrent fondées, elles appellent à des mesures sévères et à une réévaluation des mécanismes de régulation déjà en place pour protéger les consommateurs.
Face à ces allégations, les consommateurs européens doivent se montrer vigilants et exigeants quant à la transparence des informations fournies par les plateformes de commerce en ligne. Tandis que les autorités européennes enquêteront sur les pratiques de Temu, la question se pose : ces mesures seront-elles suffisamment dissuasives pour empêcher d’autres entreprises de contourner les régulations en place ?