Sur fond de cyberviolence en augmentation sur les réseaux sociaux traditionnels, des plateformes dédiées aux femmes apparaissent pour répondre à l’appel de la sécurité et de la bienveillance. Initie à l’image de Meuf ou Les Martines, ces réseaux sociaux gagnent en popularité, mais qu’en est-il de leur avenir et de leur financement ?
Le cyberviolence : des chiffres qui interpellent
Le sexisme, la sexualisation du corps féminin et le cyberharcèlement gangrènent les réseaux sociaux, poussant les femmes à rester en alerte. En effet, selon une étude Ipsos de novembre 2023, les femmes représentent la grande majorité des victimes de cyberviolences, à hauteur de 84 %. De même, le Haut Conseil de l’Egalité (HCE), exprime sa préoccupation concernant l’invisibilisation, la caricature et l’agression des femmes sur les réseaux sociaux. Pourtant des initiatives voient le jour pour contrer cette tendance.
Des applications engagées et bienveillantes
Dans ce contexte alarmant, des actions concrètes de la part des femmes sont prises. Claire Suco, fondatrice de Meufparis sur Instagram, en est l’exemple. Après avoir avorté en 2017, elle réalise l’absence d’espaces dans lesquels les femmes peuvent échanger librement sur leur vécu quotidien. Elle crée alors Meuf, un réseau social exclusivement féminin. Le concept est simple : les utilisatrices peuvent discuter librement sur différents sujets comme la ménopause, les règles, la sexualité, et bien d’autres. Claire Suco n’est pas la seule à investir ce créneau. Une multitude de plateformes rien que pour les femmes ont vu le jour ces dernières années, avec la promesse commune de mettre à la disposition des femmes un lieu d’échange sécurisé et respectueux.
Le cas de meuf et les martines
WeMoms, TheSorority, Les Martines… Ce dernier, fondé par Marine Defaux, offre un espace agréable pour échanger des conseils, des encouragements et partager des moments de vie commune. Contrairement aux réseaux sociaux traditionnels, Meuf et Les Martines adoptent un parti pris textuel, incitant les femmes à partager leurs expériences sans la pression des apparences. De plus, une modération rigoureuse est instaurée pour garantir la sécurité des utilisatrices. En effet, chaque nouveau profil est vérifié manuellement pour éviter toute compromission de la sécurité des données.
Le succès croissant de ces plateformes
Le succès de ces plateformes est indéniable. En deux jours seulement, Les Martines a enregistré plus de 600 inscriptions. Le réseau social féminin Meuf a également connu un succès fulgurant, avec plus de 30.000 pré-inscriptions. Et malgré les fonctionnalités toujours en cours de développement, ces applications ne cessent de conquérir le public féminin.
Les défis de leur financement
Pourtant, le modèle économique de ces nouvelles plateformes reste flou. Actuellement gratuits, Meuf et Les Martines envisagent différentes pistes pour assurer leur financement. Les Martines envisagent un abonnement mensuel de 4,90 €, tandis que Meuf compte sur l’organisation d’événements et une marketplace pour générer des revenus. Claire Suco pour Meuf assure que l’application restera gratuite même après ces développements.
En conclusion, si ces plateformes féminines répondent à un réel besoin de sécurité et de libération de la parole des femmes, leur pérennité reste pour le moment incertaine. Peut-être que leur succès croissant mobilisera davantage de financements à l’avenir ? Seuls l’avenir et la volonté collective peuvent apporter des réponses à ces questions.