La chanteuse Rihanna, habituée des coups d’éclat, a une fois de plus déchaîné les passions avec sa dernière parution dans le magazine Interview où elle apparaît vêtue en religieuse. Ouverte à de nombreuses interprétations, cette démarche est-elle un simple sacrilège ou un véritable acte d’émancipation ?

Un chapelet d’appropriations religieuses

Rihanna n’est pas à son coup d’essai. Déjà, lors du Met Gala en 2018, elle avait choisi une tenue s’inspirant de l’imagerie du pape, une œuvre de haute couture qui à la fois parodiait et célébrait la richesse visuelle du catholicisme. Mais son audace a frôlé le sacrilège pour certains, lorsqu’elle est apparue en couverture du magazine Interview en tenue de religieuse. Au-delà du catholicisme, Rihanna a exploré à plusieurs reprises le potentiel subversif de l’imagerie religieuse, que ce soit à travers l’hindouisme ou l’islam, suscitant tour à tour éloges et indignations.

Le symbolisme religieux : un outil de provocation

La superstar se place ainsi dans la lignée d’autres artistes pop comme Madonna ou Beyoncé qui ont intégré à leur art l’iconographie religieuse, moyen puissant de questionner les normes sociales et sexistes. Par l’emploi de la figure de la nonne, parodie du genre « nonnesploitation » en vogue dans les années 1970, Rihanna manipule les clichés associés à cette figure marquée par l’humilité, l’abstinence et une dévotion extrême pour soulever des questions sur la sexualisation du corps des femmes et le contrôle qu’elles peuvent ou non exercer sur leur image.

L’érotisation de la figure religieuse

À travers ces provocations, la chanteuse met en relief les attentes et préjugés sociaux qui pèsent sur les femmes en général, et sur les femmes de couleurs en particulier. L’érotisation de Rihanna en nonne ne vise pas simplement à choquer mais fonctionne comme une forme de protestation contre les idéaux de pudeur imposés aux femmes. En se réappropriant l’imagerie religieuse, elle défie les normes et codes prescrits.

La figure de la nonne et le défi du patriarcat

L’image de la nonne est profondément ancrée dans l’imaginaire collectif. Souvent, le cinéma, à travers des films comme « La Mélodie du bonheur » ou dans « Sister Act », les dépeint comme des êtres purs, modestes et humbles. La culture populaire a souvent joué avec ces clichés pour dénoncer les présupposés sociaux et religieux à l’égard des femmes, à commencer par leur sexualité. En dénudant partiellement la « nonne Rihanna », Interview rompt avec l’image traditionnelle de la nonne chaste et humble pour créer un symbole de féminisme radical.

Une sexualisation symbolique

Le sein dénudé de Rihanna dans cette robe de nonne ne peut que susciter une certaine gêne, tant il transgresse l’image traditionnellement véhiculée. L’art sacré regorge pourtant d’images de « madones allaitantes » où le geste maternel et nourricier est encensé. Pourquoi alors ce sein exposé provoque-t-il le scandale ? Est-ce parce qu’il défie l’image de la femme édictée par le christianisme ? Est-ce, finalement, la preuve que le corps de la femme constitue toujours un champ de bataille dans la société contemporaine ?

Alors, sacrilège ou contestation ? Au delà du débat, cette ultime transgression de Rihanna interroge : contrôlons-nous encore notre corps et notre image ? N’est-ce pas là, finalement, le véritable enjeu de ces représentations audacieuses ?

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Jessica, journaliste aguerrie avec une solide expérience en gestion de projet et rédaction web, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle capte l'attention par des contenus précis et percutants, couvrant les évolutions médiatiques avec rigueur et clarté. Contact : [email protected].

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