S’adressant aux députés et Sénateurs des deux chambres du Majilis le 6 Novembre dernier, le président réélu Shavkat Mirziyoyev a développé son projet pour le pays dans un discours de politique générale. Il y aborde sept chantiers prioritaires pour le « Nouvel Ouzbekistan », qui impliquent à la fois des réformes de structure et un changement d’état d’esprit des responsables publics et des citoyens.
La Stratégie de développement du « Nouvel Ouzbékistan » marque le début d’une nouvelle étape dans le développement national. Axée sur le tryptique: « homme – société – Etat » elle définit les priorités pour les cinq prochaines années dans un contexte de nouvelles menaces et de défis, entre pandémie de coronavirus et crise économique mondiale.
Premièrement, des réformes à grande échelle pour construire un État soucieux de la dignité et du bien-être de ses citoyens, quelle que soient leur nationalité, leur langue et leur religion. Evaluation, reporting : il s’agit d’abandonner les méthodes bureaucratiques du passé en introduisant de nouvelles interactions entre les services centraux et leurs structures territoriales.
Une attention prioritaire sera accordée au développement de l’activité législative des Députés et Sénateurs, afin de renforcer le contrôle parlementaire sur la mise en œuvre de la législation.
Deuxièmement, il s’agit de la mise en œuvre de la réforme constitutionnelle du pays.La condition nécessaire pour édifier un État populaire, dans le respect de la dignité des personnes étant d’assurer la justice et l’État de droit.
Cela implique la création d’un système dans lequel le tribunal assure la protection de la propriété privée, afin qu’il soit désormais impossible de violer les droits des personnes acquérant des biens.
La lutte contre la corruption a été élevée au niveau de politique d’État au cours des cinq dernières années. Ceci passe par la mise en place d’un Conseil national de lutte contre la corruption, dirigé par le président du Sénat et le fonctionnement actif de l’Agence anti-corruption.
Pour construire une société civile et un État forts, il est important d’élever la conscience juridique et la culture de la population.
Troisièmement, la tâche prioritaire est de développer l’économie nationale.D’ici 2030, l’Ouzbékistan devrait rejoindre les États dont le revenu par habitant est supérieur au niveau mondial moyen. Il prévoir d’atteindre cet objectif en stimulant le secteur privé, ainsi qu’en attirant les investissements directs étrangers. Sur la base du principe « des matières premières aux produits finis », sera développé un système de clusters industriels.
Pour cela, il s’agit d’assurer la stabilité du budget et de la dette extérieure, en élargissant les capacités des budgets locaux. Le chef de l’Etat dit vouloir poursuivre les réformes engagées pour soutenir davantage l’entrepreneuriat, réduire la pression fiscale et créer des conditions de concurrence équitables pour toutes les entreprises. L’accélération de la transformation et de la privatisation des entreprises publiques reste par ailleurs l’une des tâches prioritaires de la réforme économique.
D’ici 2026, il est prévu de diviser par deux la pauvreté en assurant l’emploi de la population, en formant les jeunes et les chômeurs aux métiers en demande, aux frais de l’État, en développant l’entrepreneuriat familial et en accompagnant de manière ciblée les segments socialement vulnérables de la population. Parallèlement, grâce à la réforme du système de gestion de la protection sociale, la qualité et l’ampleur de la prestation des services sociaux augmenteront. Une autre tâche pour le mandat qui s’ouvre sera de résoudre le problème du logement. Au cours des cinq dernières années, sur la base des programmes adoptés, plus de 140 000 nouveaux appartements et maisons individuelles ont été mis en service. C’est dix fois plus que ce qui a été construit au cours des cinq années précédentes.
Parallèlement, d’importants projets sont prévus pour fournir à la population de l’eau potable, construire des routes et des réseaux de communication modernes, améliorer le fonctionnement des transports publics entre les régions.
Le développement accéléré et la diversification de l’agriculture sont une tâche urgente. Dans ce domaine, la transformation des produits agricoles et la garantie de la sécurité alimentaire sont les buts principaux de la réforme, visant également à améliorer le niveau de vie de la population rurale.
Quatrièmement, la mise en œuvre d’une politique sociale et d’une éducation de qualité. Cela passe par l’harmonisation des systèmes d’éducation préscolaire et scolaire. La priorité est de porter le niveau de couverture de l’éducation préscolaire de 62 % à au moins 80 % et l’enseignement supérieur jusqu’à 50 % d’une classe d’âge. La tâche principale de la stratégie de développement sera en outre d’assurer la santé de la population. Au cours des cinq prochaines années, il est prévu de doubler les allocations dans ce domaine, notamment en portant les salaires des médecins de la catégorie la plus élevée à l’équivalent de 1 000 dollars.
Une attention particulière sera portée à la prévention médicale, en renforçant le rôle des médecins de famille. Il est par ailleurs prévu d’introduire un système d’assurance médicale publique. Sur la base de l’expérience d’autres pays, afin de garantir aux personnes handicapées des emplois et des sources de revenus, la législation actuelle sera modifiée pour établir un quota spécifique pour elles.
Cinquièmement. Aujourd’hui des représentants de plus de 130 nations et nationalités vivent dans le pays. Parallèlement aux transformations sociales, économiques et politiques de la stratégie de développement du Nouvel Ouzbékistan, les réformes dans le domaine spirituel et éducatif sont prises au sérieux.
À cette fin, le concept de « Nouvel Ouzbékistan – société éclairée » sera mis en œuvre. Une attention particulière sera accordée à la promotion de l’essence humaniste de l’Islam, l’éducation spirituelle et morale des jeunes basée sur le principe des « Lumières contre l’ignorance ».
Sixièmement, le changement climatique, les problèmes environnementaux, le radicalisme et le terrorisme, la traite des êtres humains, le trafic de drogue sont également des menaces pour le pays.
La situation liée à l’assèchement de la mer d’Aral devient de plus en plus aiguë. Dans cette direction, il s’agit de prendre des mesures pour mettre en œuvre la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies déclarant la région de la mer d’Aral zone d’innovations et de technologies environnementales.
Septièmement, le développement des Forces armées de la République constitue un garant fiable pour assurer la paix et la sécurité dans le pays. Le Président compte continuer à développer une politique étrangère et une diplomatie économique pragmatiques et équilibrées. La tâche principale est de renforcer le bon voisinage et le partenariat stratégique, principalement avec les pays d’Asie centrale.
A cet égard, l’Ouzbekistan apportera toute l’assistance possible à l’Afghanistan, qui fait partie intégrante de la région, pour restaurer la paix et la stabilité, en prévenant une crise économique et humanitaire. Le gouvernement est également intéressé par la mise en œuvre de grands projets de transport et de communication avec l’Afghanistan.
Etre ouverts au monde, et que le monde lui soit ouvert, c’est l’exigence de l’époque que Shavkat Mirziyoyev fixe à l’Ouzbekistan pour le mandat qui s’ouvre.
Cela signifie poursuivre les relations avec les Nations Unies et ses structures spécialisées, l’Union interparlementaire, les institutions financières internationales et les organisations régionales. Parmi elles, notamment, la Communauté des États indépendants, l’Organisation de coopération de Shanghai, l’Organisation de coopération islamique et l’Organisation des Etats turciques.
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