Alors que les cas de pollution d’eau du robinet se multiplient cet été en France, les autorités recommandent aux habitants concernés de se tourner vers l’eau en bouteille, dont la production est sévèrement contrôlée et dont la consommation ne présente aucun risque pour la santé.

La France aurait-elle besoin de son Erin Brockovich – du nom de cette activiste américaine s’étant rendue célèbre pour avoir dénoncé la pollution de l’eau courante bue par les habitants de la ville californienne de Hinkley ? Finistère, Haute-Savoie, Pyrénées-Orientales… : depuis plusieurs semaines, les affaires d’eau du robinet rendue impropre à la consommation se multiplient en effet sur le territoire hexagonal. À tel point que la question, saugrenue au premier abord, s’impose peu à peu dans les esprits : faut-il avoir peur de consommer l’eau du robinet ?

Des pollutions en cascade

Les habitants du Finistère ont leur avis sur la question. Depuis plusieurs jours, les villes de Quimper (63 000 habitants tout de même), de Châteaulin et d’une cinquantaine d’autres communes bretonnes – y compris celles situées sur la presqu’île touristique de Crozon – sont victimes d’une pollution à l’ammoniaque. Une pollution « répandue dans le milieu » et qui « continue de rejoindre l’Aulne », la rivière locale, conduisant à une qualité de l’eau fortement « dégradée », selon la préfecture du département. L’usine locale d’eau potable étant à l’arrêt forcé, le préfet du Finistère recommande à ses administrés « de ne pas utiliser l’eau du robinet pour la boisson et le lavage des légumes et fruits » et envisage de contraindre le syndicat mixte de l’Aulne à assurer « la livraison de bouteilles d’eau à la population concernée ».

Région très agricole et habituée, à ce titre, à ce que l’eau du robinet soit souillée par divers produits phytosanitaires et autres déjections animales, la Bretagne n’est pas, loin s’en faut, le seul territoire impacté par des interdictions de boire l’eau du robinet. En Haute-Savoie aussi les habitants de la commune de Brison ont récemment été invités à ne plus consommer l’eau courante : l’eau distribuée par le réservoir local est en effet « impropre à la consommation, sauf ébullition pendant au moins deux minutes, pour la boisson, la préparation des aliments et le brossage de dents ». Même son de cloche dans l’Aube (Grand Est), où l’Agence régionale de santé (ARS) vient d’informer les habitants d’Ervy-le-Châtel que l’eau du robinet est « non-conforme ». Dans les deux cas, l’origine du problème ne semble, pour l’heure, pas définie avec certitude.

Des doutes que n’entretiennent pas, ou plus, les habitants et associations des Pyrénées-Orientales. Depuis le début du mois de juin, l’eau des habitants des environs de Perpignan est elle aussi impropre à la consommation. Mais la cause est ici connue. Le Verdouble, une rivière de cette région du Sud-Ouest, est pollué par plusieurs produits agricoles : le thiamethoxam, un insecticide néonicotinoïde interdit, et le fluxapyroxade, un fongicide utilisé contre l’oïdium des vignes. Depuis près de deux mois, les locaux bénéficient donc de distributions quotidiennes de packs d’eau en bouteille. Deux plaintes ont par ailleurs été déposées, pour « empoisonnement » et « négligence » des pouvoirs publics, l’avocat des plaignants suspectant les viticulteurs de la région d’avoir utilisé des produits chimiques prohibés ou déversés leur cuves dans des zones inadaptées.

L’eau en bouteille, une innocuité assurée

Face à ces situations, les mairies et les départements sont souvent contraints de s’en remettre à des distributions d’eau en bouteille. Aussi sommaire que puisse paraître cette solution, l’eau en bouteille demeure la seule dont l’innocuité est parfaitement assurée. Qu’il s’agisse d’une « eau minérale naturelle », dont l’origine est protégée de la pollution et dont la composition microbiologique est sûre, ou d’une « eau de source » qui, comme son nom l’indique, provient de sources souterraines également sûres d’un point de vue microbiologique – et ce, dans les deux cas, avec peu ou pas de traitements –, les conditions d’extraction, de traitement, de salubrité, de vente, d’étiquetage et d’emballage sont sévèrement réglementées par la législation.

En outre, l’ensemble des entreprises du secteur doivent, en Europe, se conformer au règlement CE 852/2004 relatif à l’hygiène des denrées alimentaires. Les usines de fabrication doivent, enfin, s’engager à protéger l’eau de la source de toute contamination extérieure, protéger l’eau embouteillée pendant le transport et le stockage et satisfaire à toutes les prescriptions légales en matière d’eau en bouteille. En résumé, « les eaux en bouteilles sont issues de sources ou de nappes phréatiques profondes et donc moins soumises aux divers polluants et bactéries », confirme ce site spécialisé : « elles subissent bien moins de traitements chimiques mais peuvent contenir des minéraux en grandes quantités. Il faut donc varier les marques si votre eau est particulièrement chargée en un élément particulier ».

L’eau du robinet, majoritairement sans risques

Si l’eau en bouteille est donc plus rassurante que celle du robinet, cela ne signifie cependant pas que la qualité de l’eau courante ne soit pas, en France, strictement contrôlée. Sauf exception, sa consommation ne représente aucun danger pour la santé. L’eau du robinet demeure aussi plus économique que l’eau minérale en bouteille, sensiblement plus chère, mais dont les qualités intrinsèques la conduisent à être, parfois, préconisée dans le cadre de divers régimes ou pathologies médicales, voire pour la préparation des biberons. Il revient donc au consommateur d’opérer son choix en fonction de ses critères personnels.

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