Deux mois après avoir rejoint cette plateforme, l’Alliance démocratique pour la Paix (ADP-Maliba) a officiellement claqué la porte de la majorité présidentielle (EPM), jeudi 16 juillet. Parmi les nombreuses raisons de ce retrait, la répression sanglante des manifestations du 10 et 11 juillet 2020 à Bamako.

ADP-Maliba, un parti de dialogue

Dans un post sur les réseaux sociaux lundi, le président de l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba), Youba Bah, a annoncé que son parti n’est plus membre de la majorité présidentielle. Les raisons de cette décision sont multiples, mais évoquons les principales. Il y a d’abord la répression des manifestations du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5–RFP), les 10 et 11 juillet 2020. Le bilan fait état de onze morts et plus de cent blessés.

« Le parti regrette et condamne les pertes en vies humaines ainsi que les saccages et les pillages des édifices mais aussi des biens publics et privés auxquels les maliens ont assistés. Ces agissements contrastent avec les valeurs de paix, de mesure et de retenue qui prévalent au Mali », a indiqué Youba Bah. Compte tenu de la gravité des faits, l’ADP-Maliba appelle à l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante pour déterminer les circonstances exactes des pertes en vies humaines enregistrées ces derniers jours et appliquer les sanctions qui s’imposent.

Bamako a fait la sourde oreille

L’autre raison du retrait d’ADP-Maliba de la majorité présidentielle est que les propositions de son leader Aliou Diallo n’ont pas été prises en compte par le gouvernement. Ce qui a fini par excéder les responsables du parti, qui, sans le dire, sont amers contre le régime. « La voix du parti n’a pas été entendue dans une ambiance délétère entre majorités, EMP, CFR et CPM », a déploré Youba Ba. Il rappelle à juste titre que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a validé ces solutions. Il s’agit notamment de la dissolution de la Cour constitutionnelle et l’organisation d’élections législatives partielles dans les localités où il y a eu des contestations. Mais le pouvoir avait fait la sourde oreille. Maintenant les conséquences sont là !

Une grosse perte pour IBK

En outre, ADP-Maliba ne s’est jamais vraiment senti à son aise dans la majorité présidentielle. Si un analyste malien estime que « c’était un mariage incestueux », le parti de la Balance, lui, considère qu’il s’agissait d’une position d’équilibre pour guérir le Mali de ses maux. Selon Aliou Diallo, il n’y a pas de sacrifices de trop pour sortir le pays de sa crise multidimensionnelle et abréger la souffrance du peuple. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, ADP-Maliba a participé au Dialogue national inclusif (DNI), en décembre 2019, à la surprise générale. Depuis lors, l’opposition lui a gardé quelques dents.

Le départ d’ADP-Maliba de la majorité présidentielle constitue assurément une grosse perte pour IBK. Le parti d’Aliou Diallo est, en effet, un poids lourd de la politique malienne. Il a fini troisième lors de la dernière élection présidentielle en 2018 et a réalisé une percée aux élections législatives de mars et avril 2020. Aujourd’hui, le milliardaire préside le groupe parlementaire « Benso », composé de vingt membres issus de divers partis.

Aliou Diallo maintient le cap du changement

Après son départ de la majorité présidentielle, l’ADP-Maliba promet de « s’ériger en sentinelle de la liberté et de la démocratie de manière indépendante pour servir le Mali et réconcilier ses enfants ». Le parti ne compte pas arrondir les angles, ni avec le pouvoir ni avec l’opposition dont il fait toujours parti. Son crédo : ne suivre que l’intérêt supérieur du Mali. Dans ce cadre, il réitère ses propositions : la dissolution effective de la Cour constitutionnelle, l’organisation de larges consultations pour former un gouvernement de large ouverture et la mise en œuvre des autres recommandations du DNI.

Seule l’atteinte de ces objectifs permettra au Mali de retrouver le chemin de la paix, de la sécurité, de la justice et du développement durable. Une position partagée par l’ancien président du Nigéria, Goodluck Jonathan, reçu par Aliou Diallo le jeudi 16 juillet 2020 à Bamako.

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