Les attaques de fonds activistes, visant à déstabiliser des entreprises fragiles, se multiplient ces dernières années. Derrière une approche prétendument morale, qui consisterait à alerter les investisseurs sur les failles cachées d’entreprises, c’est de plus en plus l’appât du gain et la volonté de tirer profit à court-terme des difficultés d’une structure, qui définissent cette pratique contestée, comme le révèle le rapport présenté le mois dernier par le président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Suite à une mission d’information de la Commission des Finances, Eric Woerth a présenté ses recommandations pour mieux réguler les activités des fonds activistes, dont certaines sont devenues « déviantes », à l’image de la vente à découvert (la pratique consistant à faire baisser artificiellement le cours en bourse d’une société en achetant ses actions à la baisse). Le rapport Woerth préconise deux évolutions réglementaires : l’abaissement du niveau de déclaration de franchissement de seuil à 3% (5% aujourd’hui) avec pénalités financières en cas de non-déclaration, et la réduction de la différence d’informations exigibles entre sociétés cotées et fonds activistes.

Des mesures qui ont pour objectif d’assainir un secteur devenu un véritable far-west à mesure que les fonds activistes ont gagné en importance. Mais que sont ces fonds activistes ? Le phénomène, né aux Etats-Unis, était au départ un moyen utilisé par des actionnaires minoritaires pour influer sur la gestion de l’entreprise sans chercher à en prendre le contrôle. Pour arriver à leurs buts, les fonds activistes usent de tous les moyens qu’ils jugent nécessaires, notamment juridiques et communicationnels.

Derrière les préoccupations de ces petits actionnaires, s’est pourtant développée un véritable business des fonds activistes, qui utilisent ces armes redoutables (et qui sont encadrées pour les entreprises cotées) et des moyens souvent considérables, pour mener des campagnes de presse et des attaques en justice contre des sociétés fragiles… afin de les fragiliser encore davantage et de spéculer à la baisse sur leurs cours.

Ces dérives provoquent de plus en plus de défiance et de rejet à l’égard des fonds activistes, qui sont désormais largement perçus comme des fonds vautours à la recherche de proies à dépecer. Loin de bénéficier aux petits actionnaires et aux salariés, les opérations de déstabilisation de ces fonds poussent au contraire souvent les entreprises à prendre des décisions dans l’urgence et à fermer certaines branches moins lucratives, au détriment de l’emploi, de la cohérence entrepreneuriale, et de la vision à long-terme.

La mission d’information de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale intervient alors que les attaques de fonds activistes sont en pleine explosion en France. Selon Forbes, pas moins de 226 entreprises de l’hexagone ont été victimes d’attaques de ce type en 2018, contre seulement 85 en 2015 et 65 en 2014. Une hausse exponentielle inquiétante qui illustre la généralisation du problème.

Ces derniers mois, de nombreux grands groupes français ont été la cible de ces attaques visant à les fragiliser. C’est notamment le cas de Vivendi, du groupe Casino, de Danone, Cap Gemini, Lagardère, Pernod-Ricard, ou encore Scor. La preuve que ces dits « fonds activistes » sont devenus avant tout des fonds spéculatifs en quête de bénéfices à court-terme… quitte à déstabiliser l’économie réelle.

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Alexandre, rédacteur passionné avec une solide expérience en gestion et ressources humaines, a été Sales Business Director pendant dix ans puis Responsable RH pendant cinq ans. Diplômé de Paris Dauphine en administration des affaires, il allie expertise et curiosité pour partager des informations claires. Contact : [email protected].

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