La Commission ouest-africaine sur les drogues (West Africa commission on drugs, WACD) et l’association sénégalaise Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS), ont publié mardi 11 septembre « l’Appel de Dakar à l’engagement pour la réduction des risques chez les consommateurs de drogues injectables en Afrique de l’Ouest ». Un pas important pour la lutte contre le VIH en Afrique.
L’appel de Dakar
Cette déclaration commune fait suite aux discussions qui se sont tenues lors de la Rencontre de haut niveau sur la réduction des risques liés à la consommation des drogues injectables. Une rencontre qui avait également été précédée d’une consultation régionale sur le sujet. La déclaration a été lue en conférence de presse par la directrice exécutive de l’ANCS, Maguette Mbodj, en présence de l’ancien président nigérian et actuel président de la Commission Ouest africaine sur les drogues, Olusegun Obasanjo.
« Nous, participants à la rencontre de consultation de haut niveau organisée par WACD/ANCS, (nous sommes) préoccupés par l’ampleur du trafic de drogues et sa consommation sur le continent », a-t-elle commencé pour introduire ce document qui vise à promouvoir une approche sanitaire et sociale décriminalisante des drogues injectables en faveur de la réduction des risques.
« Nous nous engageons aussi à encourager les États à mettre en place des législations et politiques favorisant l’accès aux services de traitement de la dépendance aux drogues et leur décentralisation ; à encourager les États à allouer des ressources suffisantes à la lutte contre la drogue en général et à mettre en œuvre des stratégies de réduction des risques en particulier », précise le document.
Santé publique et réduction des risques
Cette prise de position ferme s’inscrit dans un mouvement plus global, lancé dans les années 80 aux Etats -Unis, déjà pour lutter contre le SIDA : la réduction des risques. Une approche qui vise à diriger les campagnes de santé publique vers plus de résultats concrets et moins de positions idéologiques et moralisatrices. L’objectif de la réduction des risques est de limiter l’impact sur la santé des consommations à risque, et non pas de les éradiquer.
Campagnes de prévention, accueil et parcours de soins pour les toxicomanes… sont vus comme des outils plus efficaces en termes de santé publique que les amendes et la prison. D’une part la consommation en elle-même est moins dangereuse (seringues propres…) et d’autre part elle ouvre une perspective de sortie du comportement à risque plus importante qu’avec la seule répression. En étant écoutés et compris au lieu d’être stigmatisés, les drogués et alcooliques ont plus de chance de se sortir de la marginalisation.
Depuis, cette approche a porté ses fruits et elle s’est propagée à l’ensemble des problématiques de santé publique, depuis les salles de shoots à Paris (pour lutter contre les overdoses et le VIH) à la promotion des substituts du tabac dans de nombreux pays. Au Japon, la technologie IQOS, par exemple, connaît un important succès, tandis que le Snus a permis à la Suède de baisser très significativement ses taux de fumeurs. En effet, il est avéré que le passage à des cigarettes non traditionnelles entraîne une réduction des risques de 95 %. En Angleterre, la promotion des substituts nicotiniques (patchs, tabac à chauffer, e-cigarettes, chewing-gums…) a aussi permis, dans le cadre de campagnes ambitieuses de réduction des risques, de faire du Royaume-Uni l’élève modèle de l’Europe dans la lutte contre le tabagisme.
Si bien que les sujets de sa Majesté développent de plus en plus d’outil de réduction des risques sur des enjeux variés, comme la sécurité routière ou l’alcoolisme.