Prenez une grande marque présente à l’international. Trouvez ensuite un produit qu’elle commercialise sous la même dénomination… mais avec en réalité deux standards de qualité bien distincts en fonction du lieu de vente. Pour résumer, le produit de qualité est la plupart du temps vendu en Europe occidentale, tandis que le reste du continent a droit à un ersatz de qualité inférieure sans pour autant être présenté comme tel… Sympathique, non ? C’est un peu comme si sous le même nom on vendait du bon camembert à Paris et une copie insipide en province… Heureusement, ces injustices devraient bientôt être abolies grâce à une nouvelle réglementation européenne.
La Commission européenne contre la double qualité
L’annonce a été faite le mercredi 11 avril 2018 à Bruxelles. C’est la Commission européenne, organe exécutif par excellence de l’UE à laquelle elle donne quasiment toutes les impulsions, qui a décidé de prendre à cœur la question de la « double qualité » des produits de marque, une pratique de marketing à la limite de la déontologie et fort irrespectueuse de certaines peuplades condamnées à consommer des articles de moindre qualité. Si cette problématique est peu connue des Français, car ils ont jusqu’à maintenant eu la chance d’avoir les produits de qualité supérieure, nos voisins européens la dénoncent pour certains depuis longtemps. Une vidéo du Parlement européen présente cette problématique :
L’information a surpris quelques informateurs, car la dénonciation des doubles standards de certaines marques émanait principalement d’États membres de l’Union européenne plutôt en froid avec Bruxelles. Il s’agit notamment du groupe de Visegrád – ou V4 – qui rassemble la Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie et la Pologne. En effet, les habitants d’une grande partie de l’Europe de l’Est ou centrale en avaient marre de ne pouvoir acheter que des produits de marque en réalité dévalués d’un point de vue qualitatif.
La feuille de route de l’UE
La Commission européenne est présidée par Jean-Claude Juncker. Celui-ci a fait part de la volonté de cette institution de doter les États membres de l’UE des outils qui leur permettront d’abolir la double qualité des produits de marque. C’est une décision logique, pressentie dès septembre 2017. En effet, Juncker avait alors plaidé pour une meilleure unité et intégration européenne par la suppression de tout ce qui pouvait faire penser à l’existence d’Européens de deuxième classe sur notre continent. Au fond, c’est aussi une question de justice et d’égalité. Toutefois, rien n’était gagné il y a quelques mois (vidéo en anglais) :
D’ici peu, des produits ayant des noms et emballages identiques ne pourront ainsi plus relever de standards de qualité différents. La question va principalement concerner l’agroalimentaire. La Bulgarie devrait elle aussi se féliciter des mesures annoncées, son Premier ministre étant il y a peu allé jusqu’à évoquer un véritable « apartheid alimentaire ». Si la Commission européenne avait d’abord allégué que la qualité des produits alimentaires ne faisait par partie de ses compétences, elle a finalement changé son fusil d’épaule. Ce revirement montre à sa façon le poids accru qu’a acquis l’Europe centrale ou périphérique par rapport aux instances dirigeantes de l’Union européenne, en dépit de dissensions bien réelles.
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