Vous avez très certainement entendu parler de cette émeute hors du commun, dans le département de la Loire, la semaine dernière. Pour ceux qui seraient miraculeusement passés à côté de l’information : petit rappel des faits.
Une grande chaine d’hypermarchés a proposé le pot de Nutella familial (950 grammes) au prix d’1,40 euro au lieu de 5,40. Résultats : les gens se sont littéralement battus pour avoir un ou plusieurs pots. Certaines personnes ont été blessées, d’autres ont simplement remplis leurs sacs et leur chariot avant de se ruer vers la caisse, la police a dû intervenir… En Bref, c’était la débandade.
Pourtant, ces émeutes sont restées incompréhensibles pour de nombreux français qui ne comprenaient pas pourquoi ces dizaines de personnes ont pris le risque de se blesser pour un pot de pâte à tartiner. Certaines personnes, et notamment un anthropologue, ont essayé de trouver une explication logique.
Voici les images recueillies par un client de passage :
https://www.youtube.com/watch?v=RWcLZ-CIrtI
1. La mise en concurrence des consommateurs
À la base, la promotion sur le pot de Nutella a été publiée dans la presse avant d’être massivement relayée par les réseaux sociaux. Lionel Sitz, professeur de marketing à l’EM Lyon, explique qu’un phénomène de « peur du manque » a été créé suite à cette diffusion. C’est ce qu’il appelle le « Marketing de Rareté ». Il complète en expliquant que : « Les annonces de ruptures de stock sont des techniques de communication qui fonctionnent bien, avec un effet performatif immédiat ». Pour Lionel Sitz, la crainte de ne pas pouvoir avoir accès au produit le rend d’un coup, beaucoup plus attractif.
L’anthropologue Sophie Chevalier parle également d’une « forme de compétition » créée directement par la chaine, qui a décidé de limiter l’achat à « trois produits par personne », après les premières émeutes.
2. Une aubaine pour les ménages les plus modestes
D’autres ont décidé de se pencher au niveau de la misère sociale, qui pouvait expliquer également une partie des émeutes. Des ménages, qui ne pouvaient pas avoir accès à un produit de marque et largement plébiscité, ont eu – d’un seul coup – la possibilité d’en avoir ou de faire des économies.
Pour argumenter cette hypothèse, un internaute a également partager les chiffres du chômage des villes touchées par les émeutes. Sans surprise, ce sont des territoires ou ce fameux taux est malheureusement élevé (Roubaix : 30 %, Marles-Les-Mines : 27 %, Saint-Cyprien : 25 %, etc.).
Interrogé par France Info, le député européen Yannick Jadot a déclaré : « On a un vrai problème de pouvoir d’achat. Pour de nombreux Français, y compris pour accéder à des produits qui ont une forte réputation ».
3. Parce que le Nutella est un produit incontournable
Dernière théorie de la part de Dominique Desjeux, expliquant que les conséquences de cette promotion dépendaient du produit directement : « Si on avait fait ces promos sur des corn-flakes ou des cornichons, on n’aurait sans doute pas eu les mêmes émeutes », ajoute-t-il.
Le professeur Lionel Sitz a également ajouté que : « C’est une marque iconique et donc, par essence, désirée par les gens. Cette pâte à tartiner est très appréciée car elle a une histoire particulière. C’est aussi un pot, reconnaissable entre tous, qui n’a quasiment pas changé depuis les années 1960 ».
Malgré les bénéfices engendrés par cette opération, les émeutes sont loin d’avoir enchanté le groupe Ferrero, qui a simplement déploré les conséquences d’une telle opération marketing.
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