Mais où sont donc passés les riches ? Bercy les cherche, mais ne les trouve pas. Il faut dire qu’en France, les contribuables les plus fortunés sont un petit peu comme le tigre du Bengale : à force d’être chassés, ils sont en voie de disparition. Il y a néanmoins une chose notable qui différencie le prédateur à rayures du millionnaire hexagonal : à l’inverse du premier, qui peut se cacher derrière bien des arbres et feuillages verdoyants, le second préfère délibérément s’en aller, effaçant derrière lui toute trace de sa fortune…
On le sait, 10.000 millionnaires ont quitté la France l’année dernière . Mais contrairement à ce que laisse entendre nos confrères du Monde, ils ne l’ont pas fait à cause des tensions religieuses. À la recherche d’une fiscalité plus favorable , nos riches disparaissent de la circulation et ne reviennent plus. Déjà en 2014, le nombre de ménages déclarant plus de 200.000 euros de revenus annuels avait chuté de 8% par rapport à l’année précédente. D’ailleurs, lorsqu’on se limite aux foyers générant plus d’un million d’euros par an, on constate que la dégringolade est encore plus criante : -30% entre début 2013 et fin 2015 !
Des lois qui découragent les plus hauts revenus
Contribution exceptionnelle de 3% à 4% prélevée sur les salaires, tranche à 45% de l’impôt sur la fortune, suppression du bouclier fiscal, plafonnement des niches fiscales, extinction du prélèvement libératoire sur les intérêts, les mesures anti-riches établies durant la présidence de François Hollande ont eu l’effet souhaité : réduire les disparités en matière de fiscalité. Néanmoins, elle ont également eu un effet logique : démotiver les plus hauts revenus . Animés par un sentiment de « ras-le-bol » général, les riches ont décidé de prendre leurs jambes à leur cou, et on ne peut pas vraiment leur en vouloir.
Après tout, lorsqu’on réalise que l’État s’apprête à nous dérober près de 75% de nos revenus (voire 100% si on y ajoute l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune), il est bien normal de ne plus vouloir générer de recettes en France. En l’espace de cinq ans, les mesures anti-fiscales ont encouragé les plus riches à se barricader : finies les prises de risque, on ne vend plus son entreprise pour éviter toute plus-value, on brade les titres en moins-value pour éviter d’être taxé, on privilégie les produits de capitalisation au profit de ceux de distribution, histoire de n’encaisser aucun revenu. Les riches chefs d’entreprise par exemple (du moins ceux qui ne sont pas encore partis voir si l’herbe était plus verte ailleurs), s’évertuent à créer du déficit, et ils ont bien raison.
L’évasion fiscale des contribuables n’est pas un délit
À l’heure actuelle, les mastodontes de l’économie française ne se montrent pas sous leur meilleur jour. Inutile de leur demander quoi que ce soit : le système fiscal du moment est contre-productif, obsolète. Par ailleurs, l’État aura beau se plaindre de l’évasion fiscale progressive des capitaux français, il ne pourra rien faire face à un deuxième phénomène qui est lui tout à fait légal : l’évasion fiscale des contribuables en bonne et due forme. Rien n’empêche les propriétaires de capitaux de faire le choix d’un départ à l’étranger.
D’ailleurs, ils l’ont bien compris : la majorité d’entre eux se rendent en Australie, aux USA, au Canada, en Israël… En bref, les anciennes colonies britanniques ont la cote et contrairement à ce que la propagande gauchiste laisse entendre, il ne s’agit en rien de paradis fiscaux. En effet, l’économie y est florissante et le chômage extrêmement bas. Les riches ne sont pas les seuls à s’installer dans ce genre de pays. Les cerveaux, actifs diplômés mais aussi les jeunes lassés des recherches d’emploi infructueuses sont de plus en plus nombreux à le faire.
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