Un touriste malaisien a réussi à pénétrer la zone d’exclusion de Fukushima pour documenter les villes fantômes et les paysages apocalyptiques de cet endroit interdit.

Aucune catastrophe naturelle n’est capable de faire trembler la Terre entière, mais dans l’après-midi du 11 Mars 2011, un séisme au Japon aurait déplacé de près de 10 cm l’axe de rotation de la Terre.

Le tremblement de terre qui a secoué le Japon ce jour-là était le plus puissant dans l’histoire du pays, assez puissant pour modifier la rotation de la Terre, assez puissant pour provoquer un tsunami qui a tué des milliers de gens et, pour ceux vivant à proximité de la centrale nucléaire de Fukushima, assez puissant pour arrêter le temps indéfiniment.

Cinq ans après la catastrophe de Fukushima, la pire catastrophe nucléaire après Tchernobyl , les calendriers sont toujours tournés sur le mois de Mars 2011. Dans les commerces de proximité, les produits du quotidien restent invendus dans les rayons. Si prompt a été l’évacuation autour de la centrale Fukushima que dans les laveries, on peut encore trouver des serviettes et des sous-vêtements laissés à l’abandon dans les machines à laver.

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Un safari-photo dans les villes fantômes autour de Fukushima

Le mois dernier, le photographe malaisien de 27 ans Keow Wee Loong s’est aventuré, tel un fantôme, dans la zone d’exclusion de Fukushima , c’est à dire dans un rayon de 20 km autour de l’ancienne centrale nucléaire. « J’aime photographier des endroits où les gens ne vont pas » indique-t-il au magazine Time . Son incursion dans cette zone où le temps s’est arrêté semble irréelle.

Il va sans dire qu’il ne devrait pas être là. Il s’est lassé d’attendre une éventuelle autorisation des pouvoirs locaux pour accéder dans cette zone interdite. Les trains ne circulent plus entre Tokyo et la zone contaminée, et il a conduit quatre heures vers le Nord du pays avec un ami japonais. Keow Wee Loong ne portait pas de combinaison anti-radiation. Il est impossible de savoir à ce stade la quantité de rayonnement à laquelle il a été exposé. Après la catastrophe, les radiations ont été inégalement réparties dans toute la zone autour de l’usine.

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Keow affirme qu’ils étaient plus préoccupés de se faire prendre. Pour éviter de se faire repérer par la police, dit-il, ils ont marché vers la zone d’exclusion pendant 25 km à travers des bois, en partant à 2 heures du matin. Ils ont passé 12 heures dans les villes de Tamioka, Namie, Futaba et Okuma, toutes situées dans la zone d’exclusion, errant à travers les ténèbres d’un monde surnaturel. L’herbe pousse à travers les fissures dans les rues abandonnées. Keow a découvert des magasins avec des produits laissés à l’abandon, toujours à la vente. Des magazines datant de Mars 2011 sont toujours présentés sur les étagères d’une librairie abandonnée.

Bien qu’il souligne que son travail n’est pas politique, Keow dit qu’il a l’intention de faire prendre conscience des « effets dévastateurs » de l’énergie nucléaire. « Peu de gens ont accès à cette zone », dit-il. « Je voulais être le premier à la documenter. »

Keow apparaît dans plusieurs de ses photographies, grâce à un trépied qu’il a apporté avec lui. On le voit fouiller des vêtements laissés dans une machine à laver et lire des magazines qui avaient été étalés au sol lors du tremblement de terre. Il est en short, en sandales, avec un sweat à capuche et un masque de ventilation. Quand on lui demande pourquoi il a choisi d’apparaître sur ses photos, sa réponse est justifiée: « Parce qu’une photo sans humain est sans âme. »

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Keow Wee Loong, Zone d'exclusion de Fukushima

Crédit photo: Facebook / Keow Wee Loong

Ça vous a plu ? 4.6/5 (29)

Partagez maintenant.

Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

Publiez votre avis