Hiroshima, un drame symbolisant l’avènement de l’ère atomique
Ce 6 août 2015 marque les 70 ans d’un jour funeste dans l’histoire du XXe siècle et même de l’humanité : le bombardement de la ville de Hiroshima, cible de la toute première bombe atomique utilisée en situation de guerre dans l’histoire.
Encore aujourd’hui, l’usage de l’arme atomique suscite bien des questions : était-ce nécessaire pour obtenir la reddition du Japon ? A-t-elle permis de mettre fin à la guerre rapidement et d’éviter ainsi son prolongement et la mort de nombreux soldats, tant américains que japonais ? Était-ce un crime de guerre, comme le suggérait Albert Einstein, qui militera par la suite pour le désarmement atomique mondial ?
Autant de questions qui divisent encore aujourd’hui d’un côté les partisans de l’arme atomique et de l’autre les opposants à de tels engins dévastateurs. Pour l’occasion, Arte a diffusé le 4 août dernier un documentaire «Hiroshima, la véritable histoire ». Pour ceux qui l’auraient manqué, le documentaire sera rediffusé le 11 août au soir et est toujours disponible sur le site de la chaîne franco-allemande.
Pour voir (ou revoir) le document d’Arte sur Hiroshima :
Mais, au delà des questions autour du bombardement, que s’est-il passé ce jour-là ? Nous allons vous raconter l’histoire de ce jour funeste, marquant l’ouverture de l’ère de l’atome et préparant le terrain à la peur d’un conflit thermonucléaire lors de la Guerre Froide.
Le voyage et le largage de Little Boy
Nous sommes le 6 août 1945, sur l’île de Tinian, située dans l’archipel des Mariannes. Le bombardier B-29 Superfortress nommé Enola Gay démarra ses moteurs et décolla à 2h45 du matin. Le colonel Paul Tibbets et son équipage volèrent pendant près de 5 heures avant d’apercevoir au loin Hiroshima, une ville industrielle japonaise relativement épargnée par la guerre. Peuplée par quelques 250.000 âmes, le bombardier américain s’approchait de la ville sans provoquer la moindre réaction du côté des japonais.
Crédit photo: Wikimedia – Enola Gay Tail Gunner S/Sgt. George R. (Bob) Caron
Le bombardier finit par survoler la ville et les batteries antiaériennes restaient silencieuses. C’est alors qu’à 8h15, Little Boy, la bombe atomique mesurant 4,30 mètres de long et pesant pas moins de 4,5 tonnes, fut larguée. L’avion fit rapidement un virage à 155°, et à peine quarante-trois secondes plus tard, à environ 600 mètres d’altitude, une soudaine explosion à la lumière aveuglante se produisit.
Mon Dieu, qu’avons-nous fait ?
Après la lumière, une immense boule de feu de plusieurs milliers de degrés se forma pour atteindre un kilomètre de diamètre, suivie rapidement par une puissante onde de choc qui secoua violemment le bombardier. Quelques minutes plus tard, une immense colonne de fumée haute de 12 kilomètres s’éleva dans le ciel, visible à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Robert Lewis, copilote et capitaine de l’Enola Gay qui avait observé l’explosion avec le reste de l’équipage, s’écria : « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? » Peu de temps après, deux autres bombardiers B-29 survolaient la ville détruite, le Great Artist et le Necessary Evil, respectivement chargés de faire des relevés scientifiques et de filmer les dégâts produits par Little Boy.
L’Enfer sur Terre en l’espace de quelques secondes
Au sol, Hiroshima était passée du statut de petite ville tranquille à celui d’Enfer sur Terre. En l’espace de quelques secondes seulement, une ville entière cessa subitement d’exister : 75.000 personnes moururent instantanément et 75.000 qui furent blessées à causes des brûlures, des blessures dues à l’onde de choc ou encore à la forte exposition aux radiations, finirent par décéder les semaines suivantes.
Le Dôme de Genbaku – Crédit photo: Wikimedia – Trsqr
Lors de l’explosion, bon nombre de bâtiments prirent feu soudainement, car un grand nombre d’habitations de la ville étaient faites de bois et de tissu. Certaines habitations, pourtant à plusieurs kilomètres de l’explosion, prirent feu également ou furent balayées par le souffle. Mais même les bâtiments en béton ou en pierre ne purent tous résister à l’onde de choc de la bombe. L’un d’eux cependant – qui deviendra le symbole de ce cataclysme – avait résisté : le Dôme de Genbaku, lieu de promotion de l’industrie de la ville, était encore debout, bien qu’en piteux état.
Le reste du Japon ignorait encore l’existence de l’explosion, cette dernière ayant détruit tout moyen de communication entre Hiroshima et le reste du pays. Le gouvernement et le peuple japonais n’apprirent la nouvelle que 16 heures plus tard, dans la nuit du 7 août 1945, lorsque le président Harry Truman communiqua le succès de l’opération au peuple américain. Il faudra plusieurs jours pour que les secours arrivent sur place, faisant face à une situation inédite et n’ayant que la possibilité d’improviser devant une tragédie d’une ampleur inédite.
Cénotaphe du parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima – Crédit photo: Wikimedia – Taisyo
Trois jour plus tard, le 9 août 1945, une seconde bombe était lâchée sur la ville de Nagasaki :
Le champignon atomique sur Nagasaki est monté jusqu’à une altitude de 18 km. – Crédit photo: National Archives image
Crédit photo principale : Wikimedia – Michael Helmer