Pékin manque de neige, d’eau et même de sports d’hiver. Mais ce sera bien la capitale chinoise qui organisera les Jeux Olympique d’Hiver en 2022
De choisir entre deux pays autoritaires pour accueillir les Jeux olympiques d’hiver de 2022, le Comité international olympique (CIO) a favorisé celui qui manquait de neige, d’eau ou de sports d’hiver: Pékin. L’autre choix était Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan. Le comité a pris sa décision lors d’un vote à Kuala Lumpur le vendredi 31 juillet. La capitale chinoise accueillera donc les 24ème Jeux olympiques d’hiver de l’histoire.
Dans une déclaration de dernière minute avant le vote, le président chinois Xi Jinping est apparu dans une vidéo pré-enregistrée dans le but d’influencer les 86 délégués du CIO. Il a dit que Jeux olympiques de Beijing « encourageraient les échanges et la compréhension mutuelle entre les Chinois et les autres civilisations du monde » et il a promis que le peuple chinois aideraient à créer un « fantastique, extraordinaire, et excellent » événement.
Neige artificielle
Tout au long de sa candidature, Pékin, qui deviendra la première ville à avoir accueilli à la fois les jeux d’été et d’hiver, a vanté sa montée en puissance, sa croissance économique et ses bons classements dans les tableaux des médailles olympiques, ainsi que sa prestation en tant qu’hôte des Jeux olympiques d’été de 2008.
Pékin a cependant des hivers secs et doit compter sur la neige artificielle, ce qui en fait un choix loin d’être idéal. Les responsables chinois ont dit qu’ils avaient de nombreuses réserves d’eau et des équipements d’enneigement pour fournir d’excellentes conditions.
La contre-attaque d’Almaty était simple. Avec le slogan « Keeping It Real » (« rester vrai »), une vidéo promotionnelle montrait des étendues de sommets enneigés, des athlètes participant à des événements sportifs d’hiver, et des locaux jouant, chantant, ou montant à cheval dans la neige. La vidéo signait : « De la vraie neige. Une vraie ambiance d’hiver. Des vrais jeux d’hiver ».
Dans sa propre vidéo de promo, Pékin s’est servie de l’animation 3D pour montrer des flocons de neige, des modèles de stades, et un train à grande vitesse reliant la capitale de la nation avec deux villes co-organisatrices où les épreuves de montagne se tiendront. Quant aux images réelles, beaucoup ont été empruntées aux Jeux d’été 2008, mélangés avec des scènes d’athlètes chinois participants aux Jeux olympiques d’hiver précédents.
La question des droits de l’Homme fait encore débat
Les activistes avaient appelé le CIO à rejeter la candidature de Pékin en raison de la détérioration de la situation des droits de l’homme en Chine, soulignant la récente vague de répression à l’échelle nationale sur les avocats et défenseurs des droits de l’Homme.
En 2008, Jacques Rogge, alors président du CIO, avait déclaré: « Il est clair que la tenue des Jeux olympiques à Pékin fera beaucoup pour l’amélioration des droits de l’homme et des relations sociales en Chine. » Pourtant, la Chine a poursuivi sa chute au classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, glissant de la 167ème en 2008 à la 175ème place en 2014. Des contrôles plus stricts sur les médias, la liberté d’expression, et l’idéologie ont été observés depuis que Xi Jinping a pris le pouvoir en 2012.
Faisant partie de l’ancienne Union soviétique, le Kazakhstan laisse aussi beaucoup à désirer dans le domaine des droits de l’homme. Le Président Noursoultan Nazarbaïev est au pouvoir depuis 1989, et l’ONG Human Rights Watch a rapporté que le gouvernement déployait des lois pour réprimer les critiques sur les politiques du gouvernement.
La Chine et le Kazakhstan ont des liens économiques étroits. En mars, les deux pays ont signé 33 accords représentant 23,6 milliards de dollars dans des domaines tels que l’acier, les métaux non-ferreux, la feuille de verre, la raffinerie du pétrole, l’hydroélectricité et les automobiles. Cela s’est déroulé lors de la visite du Premier ministre kazakh Karim Masimov en Chine après que Xi Jinping ait appelé à une coopération renforcée dans la construction de la Ceinture économique de la Route de la soie.
Crédit photo principale : Beijing-2022