Faire un concert avec un groupe rock occidental en Corée du Nord ? C’est possible !

D’aucuns pensent que la Corée du Nord est un pays si hermétique qu’aucune musique venue d’Occident ne saurait franchir ses frontières. Et ils avaient raison… jusqu’à maintenant: le groupe de rock industriel slovène Laibach , connu pour ses provocations et son style satirique, a annoncé deux dates de concerts en Corée du Nord. Une première dans l’histoire de ce pays, fossile de l’époque soviétique.

Un projet original et pour le moins incertain

Initié par l’artiste norvégien Morten Traavik, lui-même réputé pour ses projets souvent polémiques et son habitude à se rendre en Corée du Nord, il parvient cette fois-ci à y faire rentrer avec lui le fameux groupe de rock industriel slovène. M. Traavik juge que Laibach serait « le groupe parfait parmi tous les groupes de rock pour être le premier à jouer en Corée du Nord » selon l’AFP , dont il fera en parallèle un documentaire durant son séjour à Pyongyang, la capitale.

L’organisation du concert et du séjour seront gérés par Koryo Tours, l’un des rares tour-opérateur à disposer d’une autorisation pour mener des séjours touristiques en Corée du Nord , l’un des pays les plus fermés au monde. Le séjour d’une durée de quatre jours inclut les deux concerts qui ne seront cependant « pas garantie à 100% », selon l’agence de voyage .

Il est à noter que les « chanceux » qui se rendront à ces concerts auront également le « droit » de visiter les plus illustres monuments et hauts-lieux de la capitale nord-coréenne, dans le cadre du Liberation Day, fête célébrant la libération de la péninsule coréenne du joug du Japon en 1945.

Laibach – Eurovision (Spectre)

Dans l’habituelle provocation et satire de Laibach

Au-delà de l’occasion de faire la promotion du tourisme par le régime nord-coréen via l’agence de voyage chinoise, ces deux concerts sont en réalité typiques de l’état d’esprit du groupe de rock slovène, créé en 1980 sous le régime de Tito en ex-Yougoslavie.

Spécialistes de la provocation et de la satire, le succès du groupe repose avant tout sur sa faculté à jouer avec les symboles politiques et à changer le sens de certaines chansons populaires pour leur donner un sens provocateur. Ce qui vaudra aux membres au groupe d’être souvent accusés d’être nazis mais aussi d’avoir fréquenté par le passé les prisons de l’ex-Yougoslavie.

Le groupe est particulièrement connu pour avoir parodié des chansons très connues comme « Live is life » du groupe autrichien Opus ou encore « One vision » de Queen. Pour M. Traavik, Laibach est un excellent choix à bien des égards pour jouer en Corée du Nord : « Laibach peut être vu tout aussi bien comme un groupe dénonçant le totalitarisme que comme un groupe le célébrant », explique-t-il.

Conclusion, il est difficile de voir autre chose ici qu’une singulière satire jamais opérée en Corée du Nord. Les autorités nord-coréennes, qui ne sont pas réputées pour leur souplesse en matière de liberté d’expression, sont-elles conscientes qu’elles laisseront le loup rentrer incognito dans cette bergerie fort bien gardée ?  Nous aurons la réponse le 19 et 20 août, dates des deux concerts prévus par le groupe.

Crédit photo principale : Wikimedia – Magnus Manske

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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