Ces globules rouges de dinosaures vieux de 75 millions d’années pourraient résoudre un grand mystère
On est peut-être loin du jour où l’on ouvrira un parc d’attractions comme celui imaginé par Michael Crichton et Steven Spielberg dans Jurassic Park , mais des scientifiques ont fait une découverte étonnante alors qu’ils travaillaient sur un ensemble de fossiles vieux de 75 millions d’années : du sang fossilisé d’un reptile.
La découverte bouleverse quelque chose que nous avons toujours présumé à propos des fossiles de dinosaures : que ces blocs d’os pourris sont dépourvus de peau, de chair, de sang et tout autre type de matière organique. Les scientifiques de l’Imperial College London au Royaume-Uni impliqués dans cette découverte, parue mardi dans Nature Communications , ont utilisé une nouvelle technique pour analyser les fossiles – et si leurs conclusions initiales sont confirmées, nous pourrions avoir à repenser nos théories sur la durée de vie des tissus mous.
« Des résultats presque irréels »
Comme le rapporte Robert F. Service pour Science Magazine , le scientifique spécialiste des matériaux Sergio Bertazzo et la paléontologue Susannah Maidment ont utilisé une nouvelle approche pour tenter de démêler les signes de protéines dans leurs échantillons de fossiles. Les deux chercheurs ont utilisé un faisceau d’ions focalisés pour découper les échantillons d’os, laissant une coupe parfaite pour les études d’imagerie à haute résolution.
« Nous n’avons pas vu de cristallites d’os », a expliqué Susannah Maidment, qui est ce que les chercheurs s’attendaient à trouver après un tel procédé. « Ce que nous avons vu à la place était des tissus mous. C’était totalement inattendu. Ma première réaction a été de dire que ces résultats n’étaient pas réels. »
Les présumées fibres de collagène ont ensuite été pesées en utilisant un spectromètre de masse, et les résultats obtenus correspondent à ce que l’on trouve dans les acides aminés les plus courants dans le collagène. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une preuve concluante que la protéine est bien réelle (et non causée par la contamination, par exemple), les scientifiques envisagent de lancer d’autres tests rapidement afin de vérifier la matière qu’ils ont trouvé. Vous pouvez voir les fibres linéaires, qui sont considérées être du collagène, à l’image réalisée grâce à un microscope électronique :
Crédit photo: Sergio Bertazzo
Pas une découverte pionnière
Ce n’est pas la première fois que des scientifiques déclarent avoir découvert des protéines dans des os: en 2005, une équipe dirigée par la paléontologue Mary Schweitzer de l’Université d’État de Caroline du Nord a trouvé un tissu similaire à partir de restes fossilisés de tissus mous dans un os vieux de 68 millions d’années, un fémur de Tyrannosaurus rex. Cependant, des recherches plus poussées ont été incapables de vérifier les allégations et d’exclure une contamination. Mary Schweitzer croit dur comme fer que le corps du dinosaure a été en mesure de conserver la matière organique.
Les conclusions de Bertazzo et Maidment ont de nouveau ouvert le débat: les protéines sont considérées pour généralement se décomposer après quelques centaines de milliers d’années, et quelques millions d’années tout au plus, mais cette hypothèse est-elle exacte ? Ce qui rend cette nouvelle étude potentiellement excitante est que ces fossiles n’étaient pas des échantillons particulièrement bien conservés, et donc des restes de tissus mous et de globules rouges pourraient même ne pas avoir besoin de conditions particulières pour survivre.
Loin d’un « Jurassic Park »
Si les travaux sont vérifiés dans un avenir proche, nous pourrions en apprendre beaucoup plus sur la façon dont les protéines de dinosaures et des globules diffèrent des nôtres. Ce serait comme une fenêtre donnant sur des millions d’années dans le passé. Mais n’espérez pas la création d’un Jurassic Park de sitôt, parce que l’ADN des dinosaures reste encore à être trouvé.
Crédit photo principale : Universal Pictures
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