Il parcourt 5 sommets pyrénéens, plus de 300 km et 7000 km de dénivelé sur un vélo à pignon fixe
Lors du Tour de France 1910, le 21 juillet exactement, il s’est passé beaucoup de chose sur les routes Pyrénéennes. Une journée très difficile, de quoi brûler les jambes.
Un parcours de 326 km à partir de Bagnères-de-Luchon et se terminant à Bayonne, cette dixième étape du Tour comptait le plus de dénivelé cette année là, avec le Col du Tourmalet dominant l’étape. Octave Lapize avait été le premier au sommet du fameux col, devant Gustave Garrigou, seul coureur ayant escaladé le Tourmalet sans mettre pied à terre (2ème au sommet), et qui avait reçu une prime spéciale de 100 Francs.
105 ans plus tard, patrick seabase se mesure aux cols pyrénéens de l’étape luchon – bayonne
Le 3 juin dernier, un autre cycliste s’est attaqué au même parcours légendaire, grimpant les cinq cols de la même étape qu’en 1910, sur un fixie cette fois. Patrick Seabase , 31 ans, s’est entraîné pendant des mois et lui non plus n’est pas descendu de sa selle, si ce n’est en arrivant à Bayonne après 15 heures et 52 minutes, 7611 mètres de dénivelé positif et 24,2 km/h de moyenne.
Fixie: vélo sans vitesse ni frein
Un fixie est un vélo avec un pignon fixe et sans frein qui implique l’absence de plateau de vitesses. Le pignon est monté sans roue libre, ce qui le rend solidaire de celle-ci dans les deux sens de rotation. Il est ainsi uniquement possible de freiner avec les pédales. Utiliser un fixie surprend généralement les gens puisque les jambes sont entraînées par les pédales, en toute circonstance, jusqu’à l’arrêt. Seabase parle tout simplement de vélo de piste, et pratique le «skidding» en descente, qui consiste à bloquer la roue arrière, à placer le vélo légèrement en crabe et à contrôler le dérapage afin de ralentir.
Utiliser un fixie n’était cependant pas juste pour le faire le spectacle. C’était pour Patrick Seabase son défi majeur de l’étape. « J’ai voulu savoir ce que les pionniers du cyclisme ressentaient sur leurs vélos à pignon fixe il y a 105 ans », a-t-il déclaré. Et il l’a fait !
« J’avais l’impression que quelqu’un me poussait jusqu’au sommet de la montagne. Après 5 kilomètres sur une pente plutôt modérée, ont suivi 12 kilomètres avec une pente entre 8 à 12%. Malgré cela, je me suis mieux débrouillé que je le pensais, c’est aussi grâce à Danilo Hondo qui n’a cessé de me motiver. » Au lever du soleil, il a conquis le Col d’Aspin avant d’affronter l’épreuve ultime, le Col du Tourmalet. Il a ensuite traversé le Col d’Aubisque et le Col d’Osquich avant la ligne droite finale pour Bayonne sur la côte basque.
Un fin d’étape difficile
L’ancien cycliste pro Allemand Danilo Hondo était avec Patrick Seabase tout long du trajet. « Dès le début, je lui ai rappelé de manger et boire suffisamment, de ne pas partir trop vite, et ensuite il a fallu que je l’aide pendant les moments difficiles en lui disant que le prochain passage plat arrivait et qu’il pourrait récupérer, » explique Danilo Hondo.
Le coureur suisse était heureux de surmonter le doute et la pression qu’il s’était imposée avant de relever ce défi de taille. « Je ne sais pas comment j’ai fait pour arriver ici. Pour la première fois de ma vie, je ne savais pas si j’étais assez bon ni si j’étais capable d’accomplir ce que j’avais prévu. » « Le Col d’Osquich m’a vraiment épuisé. Après cela, j’avais l’impression que quelqu’un me frappait au niveau des jambes à coup de bâton. »
« Je fais partie des personnes qui aiment aller au bout des choses. C’était la première fois que j’annonçais une performance à l’avance. Cela m’a mis plus de pression et je suis extrêmement heureux d’avoir réussi à relever ce défi. »