Depuis que Philae s’est endormi, nombreux sont ceux qui se demandent quand le robot reprendra du service

Depuis le 15 novembre 2014, le robot Philae envoyé par la sonde Rosetta dort paisiblement sur la comète Tchouri. Et depuis plusieurs mois, les chercheurs du CNES et de l’agence spatiale européenne cherchent à réveiller l’engin, en vain. Ce qui suscite des interrogations parmi le grand public, craignant que l’épopée ne soit plus qu’une illusion.

Mais quelle est la situation du robot européen actuellement ? Et qu’est-ce qui lui permettra alors de se réveiller ? Selon les chercheurs, cinq paramètres doivent être pris en compte.

1. Des jours très courts et des nuits très longues

L’un des espoirs des équipes de l’agence spatiale européenne est que la comète se rapproche suffisamment d’une source de lumière, susceptible d’augmenter la température globale de Tchouri et, au passage, celle de Philae.

Pour que le robot puisse fonctionner, ce dernier doit en effet atteindre une température interne minimale de -45°C, température qui s’obtient de plusieurs manières : un réchauffement de la comète et l’accumulation d’énergie lors des périodes de jour. Ce second paramètre est important, car il permettra en plus d’accumuler assez d’énergie pour permettre au robot de reprendre son travail.

Or, avec des épisodes ensoleillé de 80 minutes et des nuits de 11 heures, le temps de recharge est très restreint et est susceptible de retarder le réveil de Philae.

2. Les ombres de la comète

Dans le même registre que les phases alternant jour et nuit, l’importance des ombres que projettera la comète Tchouri sur le robot pourrait ralentir son rechargement et son réchauffement.

De plus, le petit robot ne se trouve pas dans une plaine, mais sur une zone inclinée. Dans ces conditions, même si le ciel de la comète est parfaitement lumineux, le robot ne pourra pas profiter à 100% de cette luminosité pour faire le plein d’énergie.

Philae, comète, Tchouri

Crédit photo: Flickr – European Space Agency

3. La température durant son sommeil

Lors des phases d’expérimentation, Philae a subi des tests de température tombant jusqu’à -60°C, avec succès. Mais sur la comète, les plus froides nuits pourraient atteindre les -140°C, une condition extrême qui serait susceptible d’endommager le robot.

Que ce soit la structure ou les composants électroniques embarqués, un froid intense peut fissurer les métaux. Des inquiétudes également se portent sur la batterie, sensible aux températures.

4. Les poussières de la comète et les jets de gaz

Si le rapprochement de Tchouri d’une source de lumière et de chaleur peut être une bonne nouvelle pour Philae et son rechargement, ce n’est cependant pas exempt de risques.

Une comète, rappelons-le, est avant toute chose un bloc de glace et de roche. Ce qui signifie qu’en approche d’une source de chaleur, la glace est susceptible de fondre et de provoquer par décompression des jets de gaz. Cependant, il est peu probable selon les chercheurs que cela suffise à détacher Philae de la comète.

Mais ces jets ne relâchent pas que de la vapeur : de la poussière peut être rejetée et retomber sur le sol de la comète. Cette poussière, si elle a peu de chances de rentrer dans le robot et d’encrasser l’électronique, elle peut néanmoins se déposer sur les panneaux solaires, ce qui réduirait la vitesse de rechargement.

5. Trouver le bon moment pour contacter Philae

C’est là en réalité la partie la plus difficile du travail : trouver le bon moment pour réveiller Philae. Comme il a été dit, la fenêtre de rechargement durant une journée sur la comète ne dépasse pas les 80 minutes. Et c’est précisément à ce moment-là qu’il faut espérer que la sonde se trouve pour tenter de communiquer avec elle.

Pour garantir au maximum les chances de contacter Philae, Rosetta devra se trouver à moins de 300 km du robot, du bon côté de la comète et les antennes alignées. Dans ces conditions, les chances d’un contact réussi seraient optimales pour les chercheurs.

La dernière tentative de contact remonte au 17 mai et les chercheurs ambitionnent de retenter une communication entre le 30 mai et le 12 Juin. Malgré les difficultés rencontrées, l’agence européenne n’abandonne pas le travail : la comète Tchouri se rapproche du Soleil jusqu’au 13 août, ce qui laisse une large marge de manœuvre encore pour espérer entrer en contact avec Philae.

Source : Nature . Crédit photo principale : Wikimedia – DLR

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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