La fin de l’embargo met en lumière les avancées médicales cubaines, intéressant les Occidentaux
Depuis 55 ans, les États-Unis ont mis un embargo commercial et pénalisant sur Cuba, autour duquel l’économie locale a eu du mal à se développer. Aujourd’hui, le vent a tourné, et avec l’administration Obama s’apprêtant à lever l’embargo, les scientifiques américains (et occidentaux) sont désireux de mettre la main sur un vaccin contre le cancer des poumons élaboré par la petite nation insulaire.
Dans le cadre d’un accord conclu le mois dernier à La Havane, un vaccin contre le cancer du poumon mis au point par le Cuba’s Center for Molecular Immunology (CIM) sera testé aux États-Unis par le Roswell Park Cancer Center of Buffalo. L’objectif ? Obtenir le vaccin appelé Cimavax, approuvé par la Food and Drug Administration américaine (FDA).
– Une campagne anti-tabac utilise une encre créée à partir de poumons de fumeurs
Radiographie de poumons – Crédit photo: Wikimedia – National Cancer Institute
La recherche laisse entendre que ce vaccin est très peu cher et peu toxique. Le cancer des poumons étant le cancer le plus meurtrier aux Etats-Unis, le Cimavax est donc logiquement très attendu.
Avec l’aide du CIM, Candace Johnson, directeur du Roswell Park Cancer Center, espère obtenir l’approbation pour tester le Cimavax dans les six à huit prochains mois, et de commencer des essais cliniques d’ici une année.
Alors que les Cubains vivent dans une relative pauvreté, avec des pénuries d’approvisionnement drastiques et des travailleurs ne gagnant qu’une vingtaine d’euros par mois, son système médical, toutefois, est de classe mondiale. Par exemple, malgré des dépenses sur les soins de santé beaucoup moins importantes que les Etats-Unis (par tête), l’espérance de vie y est comparable.
Cuba mise beaucoup sur la médecine
Après qu’une épidémie de dengue frappa près de 350 000 Cubains en 1981 , les frères Castro firent de la médecine préventive une priorité. Appelé « Front Biologique », celui-ci s’est concentré sur des organismes spécifiques en vue d’atteindre des objectifs spécifiques. Cela a abouti à la production d’interféron (un groupe de protéines qui ont des propriétés antivirales), ainsi qu’à la création de vaccins efficaces contre la méningite B et l’hépatite B.
Dans un pays connu pour les cigares, ce n’est pas une surprise si le cancer du poumon est l’une des principales causes de décès à Cuba. Alors depuis 25 ans, le Cimamax est mis au point, et est à présent disponible gratuitement aux Cubains, depuis 2011. Comme le site Wired le rapporte, « la phase d’essai II de 2008 a montré que les patients atteints d’un cancer du poumon et ayant reçu le vaccin ont vécu en moyenne quatre à six mois de plus que ceux qui ne l’avaient pas reçu. » Cela a produit un intérêt de la part du Japon et de certains pays européens qui ont souhaité tester le vaccin.
Représentation au microscope de carcinomes spinocellulaires – Crédit photo: Flickr – Ed Uthman
Le vaccin lui-même est loin d’être parfait et, en attaquant la protéine d’une cellule plutôt que la tumeur directement, peut avoir des effets secondaires graves, pouvant notamment entraîner un risque plus élevé de cancer. Ce n’est également pas un remède ou un traitement préventif, mais plutôt une façon de gérer la maladie. Mais les scientifiques de Roswell Park espèrent amener le vaccin plus loin pour voir si il peut guérir plus que cela. Ils pensent que cela pourrait être utile pour d’autres cancers, comme celui de la prostate, du sein , du côlon ou du pancréas.
Un second vaccin potentiel contre le cancer du poumon
Les Cubains ont également un autre vaccin potentiel contre le cancer du poumon appelé Racotumomab. Ce dernier présenterait de bons résultats.
Les chercheurs américains espèrent la levée de l’embargo au plus vite, afin de mettre en place une plus grande collaboration. Ils pourraient être en mesure de découvrir de nouvelles avancées que les médecins Cubains ont, par nécessité, été contraints d’innover.
Crédit photo principale : Pixabay – cherylholt