Les OGM pourraient bien envahir nos terres et nos assiettes en Europe
Depuis longtemps, les organismes génétiquement modifiés prennent une place centrale dans le débat écologique, faisant face à de virulentes critiques ou sont, au contraire, défendus comme solution d’avenir pour l’agriculture. Mais depuis quelques mois, l’Union Européenne semble pencher de plus en plus favorablement à la culture et l’importation de produits OGM.
Cette démarche semble motivée par une volonté de rattraper le retard de l’Union européenne par rapport à de nombreux autres pays dans le monde. Depuis quelques mois donc, la Commission et le Parlement commencent à changer de position, malgré l’absence de consensus scientifique sur les OGM et leurs effets sur la santé et l’environnement, afin de faciliter l’entrée des produits OGM sur le Vieux Continent.
L’Europe en retard par rapport aux Amériques et l’Asie
En 2014, la culture de semences transgéniques a atteint un pic historique, avec 181,5 millions d’hectares d’exploités dans le monde selon l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications), une association promotrice des OGM et financée par les géants de l’industrie biochimique comme Monsanto et Bayer. Une progression de 3,6%, soit 6 millions d’hectares en plus par rapport à 2013.
D’après l’association, pas moins de 28 pays sont désormais engagés dans la production d’OGM, avec un nouvel entrant, le Bangladesh. Parmi les plus gros producteurs d’OGM, les Etats-Unis reste largement en tête avec 73,4 millions d’hectares plantés, soit 40% de l’exploitation mondiale. Loin derrière se trouvent le Brésil avec 42 millions d’hectares et l’Argentine avec 24 millions d’hectares.
L’Union Européenne est largement en retard en comparaison, en raison d’une méfiance bien plus importante depuis plusieurs années vis-à-vis des OGM. Seuls 140 000 hectares sont cultivés, un chiffre illustrant une tendance à la baisse sur le Vieux Continent, avec la multiplication des moratoires contre les cultures OGM. Seuls quatre pays sont encore des producteurs d’OGM en Europe : l’Espagne, le Portugal, la Roumanie et la République Tchèque.
Crédit photo: Wikimedia – Arnaud 25
Une législation européenne plus souple pour les OGM
Mais depuis le début de l’année, l’Union Européenne semble de plus en plus favorable au développement de la culture et de l’importation d’OGM, avec plusieurs initiatives prises ces derniers mois.
En Janvier 2015, le Parlement européen a approuvé par 480 voix contre 159 un amendement à une directive datant de 2001. Cet amendement permettrait aux Etats membres de l’UE d’être pleinement libres de décider de l’implantation ou non des OGM dans leur pays. Cette mesure ne tranche pas définitivement la question, car les pays opposés aux OGM pourront maintenir leur interdiction unilatéralement alors que ceux désireux de développer cette agriculture ne seront pas entravés par l’UE.
Mais en plus de cette décision, une autre prise cette fois par la Commission Européenne est d’autoriser les Etats membres à importer librement des OGM. Or, si un Etat peut effectivement bloquer l’importation d’OGM de pays en dehors de l’UE, il ne peut pas en revanche s’opposer à l’importation venant d’un pays membre. Ce qui revient à autoriser de facto l’importation au niveau européen de produits génétiquement modifiés sans véritable restriction.
Alors que le débat autour des OGM n’est pas définitivement tranché, l’Union Européenne fait le choix de renvoyer la responsabilité aux Etats membre plutôt que de décider de l’avenir de l’agriculture transgénique. Des décisions qui sont mal accueillies par les associations de défense de l’environnement et qui pourrait s’accompagner de d’autres mauvaises nouvelles, comme le maintien de l’utilisation de produits phytosanitaires réputés cancérigènes, comme le Roundup .
Sources : Parlement Européen , EurActiv , Le Monde . Crédit photo principale : Wikimedia – Myrabella
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