Le célèbre Roundup de Monsanto est considéré par l’OMS comme probablement cancérigène
Bonne nouvelle pour les défenseurs de l’environnement et de la santé : le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), un organisme dépendant de l’OMS, a publié le 20 Mars 2015 une classification de trois pesticides dans la catégorie A2, regroupant l’ensemble des produits considérés comme « cancérigènes probables ».
Ces trois molécules sont le diazinon, le malathion et le glyphosate. Les deux premiers font déjà l’objet de restrictions en Europe, mais le troisième concerne un produit très connu et largement utilisé dans le monde : le Roundup.
Le Roundup, un produit largement utilisé et potentiellement dangereux
En France, le Roundup est probablement l’un des pesticides les plus exploités dans l’agriculture et le jardinage, avec un usage annuel de près de 8000 tonnes en 2011, soit loin devant la plupart des autres produits phytosanitaires. On estime que près de 750 produits utilisés par les particuliers et les professionnels contiendraient la molécule épinglée par l’OMS.
En temps normal, le produit est largement éliminé par l’usage du chlore dans le traitement des eaux. Néanmoins, son usage croissant expose notamment les agriculteurs et jardiniers, premiers utilisateurs du produit, à un risque de cancer et plus spécifiquement à un lymphome d’après plusieurs études sur des cas recensés en Europe et en Amérique du Nord. En France, les agriculteurs seraient deux à trois fois plus exposés au risque de développer un lymphome à cause d’une exposition importante aux pesticides que chez le reste de la population adulte masculine.
Ce n’est cependant pas l’unique danger du pesticide phare de Monsanto : via des tests sur des animaux en laboratoire, la molécule pourrait être responsable d’un risque accru de cancer de la peau, du pancréas et des reins. Une affirmation à prendre au conditionnel d’après l’OMS, qui s’appuie sur une sélection d’études déjà faites sur la molécule.
Monsanto s’attaque à l’étude qu’elle qualifie de « science poubelle »
Avec la publication d’une telle étude, la réaction du géant Monsanto ne s’est pas faite attendre : dans un communiqué du 23 mars , soit trois jours après la publication, la firme américaine accuse l’étude de l’OMS de « junk science » – c’est-à-dire de « science poubelle ».
Le communiqué va cependant plus loin : « Le travail du CIRC n’est pas une étude, et il ne fait nullement référence à de nouvelles données », a déclaré le directeur du pôle technologie de la firme de Saint Louis (Missouri). «Au lieu de cela, le CIRC a seulement retenu un nombre limité d’études […]. Le processus n’est pas transparent, la décision est irresponsable, et elle a le potentiel de créer de la confusion sur une question aussi importante que la sécurité. »
Enfin, le communiqué conclut que cette classification n’aura aucune conséquence sur le plan légal. S’il est vrai que le CIRC n’a aucune compétence juridique pour inciter les Etats de changer la réglementation sur les pesticides, il est néanmoins probable qu’une telle classification ne soit pas sans conséquences, offrant aux associations de défense de l’environnement une occasion de faire pression sur les politiques en s’appuyant sur l’étude publiée par le CIRC.
Son interdiction ne sera cependant pas pour demain : une réévaluation de l’Union Européenne sur l’usage glyphosate sera rendue d’ici quelques semaines, afin d’harmoniser les législations des pays membres. Et parmi les membres du comité , il est possible de recenser trois représentants de géants de l’agrochimie, à savoir deux salariés de l’entreprise allemande BASF et un de l’entreprise française Bayer.
Un lobbyiste de Monsanto assure que le pesticide Roundup est potable, mais refuse d’en boire
Le 26 mars dernier, le docteur Patrick Albert Moore, un expert en écologie et environnementaliste canadien, a avancé que le glyphosate « n’aurait pas augmenté le taux de malades du cancer en Argentine. […] Vous pouvez en boire un grand verre et ça ne vous fera aucun mal. »
Le journaliste Paul Moreira, qui a réalisé le reportage « Bientôt dans vos assiettes (de gré ou de force) » pour Canal+ invite alors l’expert à prendre un verre de Roundup. « Avec plaisir », répond-t-il avant de se rétracter : « Bon, en fait, pas vraiment. Mais je sais que ça ne me ferait pas de mal. » Il finit par refuser définitivement la proposition : « Je ne suis pas stupide. » – « Ce n’est pas dangereux alors ? » demande le journaliste. « Non, des gens tentent de se suicider régulièrement et se ratent. » – « Alors vous êtes prêt à en boire un verre ? » insiste Paul Moreira. « Non, je ne suis pas un idiot », rétorque le docteur Patrick Moore. Ce dernier finit par interrompre la discussion.
Sources : Centre International de Recherche sur le Cancer , Monsanto , Les Echos (AFP) . Crédit photo principale : Flickr – Santiago Nicolau
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