Courant pro-anorexie : à bas le culte de la maigreur
L’anorexie est un véritable fléau qui touche entre 30 et 40 000 personnes en France, aussi bien des anonymes que des personnes à notoriété publique. Parmi ces dernières, évoquons le cas des femmes mannequins, bien souvent contraintes à s’affamer pour pouvoir défiler sur les podiums. Face à ce scandale, Olivier Véran, député PS d’Isère et neurologue au CHU de Grenoble, a décidé de réagir en déposant ce lundi 16 mars 2015 deux amendements au projet de loi santé diligenté par Marisol Touraine. Ceux-ci visent à combattre l’incitation à la dénutrition et à l’extrême maigreur.
En première ligne : un contrôle strict de l’IMC
Dans le premier amendement, l’élu propose d’interdire aux agences de mannequinat d’employer des mannequins en état de dénutrition. Pour ce faire, chaque mannequin devra délivrer, avant et après son embauche, un certificat médical prouvant que son IMC (indice de masse corporelle, calculé en divisant le poids par la taille au carré) est supérieur à une valeur déterminée, sans doute aux alentours de 18. La Haute Autorité de Santé devrait se prononcer à ce sujet.
Tout employeur qui ne respecterait pas ces dispositions encourrait de lourdes sanctions : jusqu’à six mois d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Une loi qui donnerait du fil à retordre à la Haute Couture mais qui signe avec des valeurs éthiques absolues et essentielles.
En seconde ligne : sanctionner l’apologie de l’anorexie
Internet et ses fameux revers apologiques ! Le second amendement vise à interdire les sites et autres blogs « pro-anorexiques » qui représentent un danger majeur pour les lectrices les plus fragiles, et dans lesquels les adeptes échangent notamment des conseils pour contrôler leur corps. De concert avec le secrétariat d’État à la condition féminine, un « délit de valorisation de maigreur excessive » prendrait forme.
Le diktat de la minceur : une forte dimension sociale
Si certains cas d’anorexie peuvent être légers, d’autres en revanche peuvent être sévères et aller jusqu’à menacer le pronostic vital. Citons par exemple le cas de la mannequin brésilienne largement médiatisée : Ana Carolina Reston, décédée en 2006 des suites des conséquences gravissimes de l’anorexie.
L’impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort, déplore Olivier Véran
Les jeunes filles figurent parmi les premières victimes car elles recherchent cet idéal véhiculé par les beautés filiformes. Outre une origine psychologique (rupture, traumatisme, divorce, deuil, etc.), l’anorexie a donc aussi une part socioculturelle très forte. Le but de ces mesures est non seulement de protéger les mannequins, mais aussi de lutter contre l’obsession de minceur dans la société.
Crédit photo principale : Wikimedia – José Goulão
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