Le gouvernement se lance dans une initiative ambitieuse pour remédier à la crise du secteur pédiatrique et améliorer la santé des enfants. Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, parle d’un « véritable tournant » dans la manière dont la France traite la santé infantile. Dévoilé le 23 mai dernier, ce plan comprend 16 mesures et 80 actions concrètes, avec un budget d’environ 300 millions d’euros par an d’ici 2030.
Une feuille de route établie suite à des crises
C’est une réponse attendue. Face à une triple épidémie de Covid, grippe et bronchiolite en 2022, le gouvernement avait mis sur pied un comité de réflexion. Cette action visait à répondre à la pression extrême subie par les services pédiatriques. L’élaboration de cette feuille de route a été un processus long et rigoureux, incluant 121 auditions et environ 2.000 contributions écrites.
En parallèle, les indicateurs de mortalité infantile et de santé mentale des jeunes ont montré une dégradation préoccupante, un constat qui accélère l’urgence de la mise en œuvre de ce nouveau plan. Selon les cabinets des ministres délégués à la Santé et chargée de l’Enfance, Sarah El Haïry, la santé de l’enfant est une priorité nationale.
Mettre l’accent sur la prévention
La prévention est au cœur de ce plan. Le gouvernement souhaite rendre obligatoires 20 examens de dépistage pour chaque enfant, dès la naissance. Parmi ces examens, un nouvel examen obligatoire à 6 ans vise à détecter précocement les troubles du neuro-développement, du langage et optiques, pour offrir un soutien adéquat dès que possible.
L’initiative inclut également un meilleur accès aux orthophonistes, sans la nécessité d’obtenir au préalable une prescription du médecin généraliste. Cette mesure a pour but de faciliter les démarches des parents et d’assurer un suivi plus rapide pour les enfants montrant des signes de troubles de communication ou de développement.
Augmentation du personnel de santé
Pour faire face aux besoins croissants, le plan prévoit une augmentation progressive du nombre de places de formation pour les professionnels de santé, avec un objectif de 10% de plus dès 2025 et une hausse de 50% d’ici 2030. Ce renforcement du personnel concerne également les pédo-psychologues, dont la présence dans les Centres médico-psychologiques (CMP) sera considérablement augmentée.
En effet, le soutien en santé mentale des jeunes devient une priorité, notamment face aux alarmes récentes sur l’augmentation des troubles psychiques chez cette population. Les professionnels intervenant en établissements de santé bénéficieront aussi de revalorisations salariales, un motif pour encourager les vocations et fidéliser ceux déjà en poste.
Améliorer l’accès aux soins
Afin de garantir un accès équitable aux soins sur tout le territoire, des mesures spécifiques sont prévues pour les services de néonatalogie. L’objectif est d’assurer un ratio de 1 lit pour 1.000 naissances, une amélioration essentielle pour les tous premiers jours de vie des nouveau-nés.
Le gouvernement met également un point d’honneur à faciliter l’accès aux soins pour les enfants victimes de violences. Des examens gratuits en santé mentale et avec des psychomotriciens seront mis en place, garantissant un suivi approprié pour ces jeunes souvent vulnérables.
Un soutien financier conséquent
Pour accompagner la mise en œuvre de ce vaste programme, une enveloppe budgétaire conséquente a été allouée. Environ 300 millions d’euros seront débloqués chaque année d’ici 2030, grâce à des fonds nouveaux ou déjà existants.
Cet investissement massif illustre la volonté du gouvernement de répondre efficacement aux problèmes structurels du secteur pédiatrique et de poser les bases d’un système de santé plus robuste pour les enfants. En outre, cette enveloppe permettra de financer les actions de formation, la création de nouveaux postes et les améliorations matérielles dans les établissements de santé.
Ce plan, ambitieux dans son contenu et ses moyens, vise à répondre de manière globale aux multiples défis rencontrés par la pédiatrie en France. Est-il possible que cette nouvelle approche marque réellement un tournant dans la santé des enfants, et comment ces changements seront-ils perçus par les professionnels et les familles ?