Après avoir sévi sur la shrinkflation, le gouvernement pourrait bientôt être contraint d’intervenir face à un nouveau phénomène préoccupant : la stretchflation.
Comprendre la nouvelle menace en supermarché
Depuis quelques semaines, le terme « shrinkflation » est sur toutes les lèvres. Cette technique consiste à réduire la quantité de produit dans un emballage tout en gardant le même prix, à l’insu des consommateurs. Pourtant, cette pratique pourrait bientôt toucher à sa fin grâce à une nouvelle législation. Le gouvernement français a récemment adopté un texte obligeant les grandes surfaces à signaler les produits dont la quantité a été diminuée. Toutefois, cette mesure, bien que bienvenue, ne marque qu’un premier pas vers une meilleure transparence.
Le nouvel acteur : la stretchflation
Malheureusement, la shrinkflation n’est pas la seule pratique à guetter les étagères des supermarchés. Un nouveau phénomène fait son apparition : la stretchflation. Dérivé du verbe anglais « to stretch » (étirer) et du terme « inflation », ce procédé consiste à augmenter la quantité d’un produit tout en affichant cette hausse de manière ostensible sur le packaging. Cela permet aux industriels de justifier une augmentation de prix. Cependant, derrière cette hausse quantitative se cache une pratique tout aussi trompeuse que la shrinkflation.
La stratégie des industriels
Les industriels misent sur le fait que les consommateurs, voyant une quantité accrue, acceptent plus facilement une légère hausse de prix. Cela s’explique par une question de perception : le consommateur, constatant qu’il obtient plus de produit, est moins vigilant sur le coût réel en caisse. Prenons un exemple concret : chez Intermarché, la gamme Original Buns de McCain est passée de 400g à 460g, avec un prix grimpant de 2,93€ à 3,99€. Si initialement le prix était de 7,33€/kg, il atteint dorénavant 8,67€/kg, soit une augmentation de 35% pour seulement 15% de produit en plus. L’astuce est donc claire : offrir un peu plus en apparence pour justifier une hausse de prix en réalité bien plus conséquente.
Conséquences pour les consommateurs
La stretchflation, légale mais moralement discutable, impacte directement le pouvoir d’achat des consommateurs. Ceux-ci se retrouvent contraints de payer davantage pour une légère augmentation de produit. Mal avertis, ils ne réalisent pas toujours que cette inflation déguisée pèse lourdement sur leur budget. Cette pratique rend la comparaison de prix plus complexe et risque de créer de nouvelles inégalités. Les consommateurs les plus attentifs devront, en effet, redoubler de vigilance et passer plus de temps à scruter les étiquettes pour ne pas se faire piéger.
Vers une intervention gouvernementale ?
Tout comme pour la shrinkflation, le gouvernement pourrait être appelé à intervenir contre la stretchflation. Obliger les industriels à une transparence complète concernant les hausses de prix par kilogramme pourrait être une solution. Cependant, cette lutte contre les dérives des industriels ne fera sens que si les consommateurs eux-mêmes se montrent plus attentifs et exigent des mesures claires et précises. La réglementation en matière de pratiques commerciales évolue continuellement, mais elle doit être accompagnée d’une conscience accrue de la part des consommateurs.
Les grandes surfaces face à leurs responsabilités
Les distributeurs jouent un rôle clé dans cette dynamique. Chargés par le gouvernement de pointer du doigt les produits touchés par la shrinkflation, ils deviennent les acteurs principaux de cette régulation économique. Cependant, pour que cette responsabilité soit pleinement efficace, ils doivent également alerter les consommateurs sur les pratiques de stretchflation. Ces enseignes, en tant qu’intermédiaires entre les industriels et les acheteurs, possèdent les moyens d’informer et de protéger les consommateurs. Mais seront-elles prêtes à assumer ce rôle de gardien de l’éthique commerciale ?
Une vigilance accrue des consommateurs
Face à ces nouvelles réalités, une vigilance accrue des consommateurs est indispensable. Il devient crucial de ne pas se laisser séduire par des augmentations de quantité apparentes sans en examiner les implications directes sur le prix au kilogramme. La comparaison régulière des prix et des quantités peut permettre de déjouer ces techniques commerciales. Les consommateurs doivent également exiger plus de transparence de la part des commerçants et des industriels, afin d’éviter les pièges des inflations déguisées.
Comment, face à ces nouvelles ruses des industriels, l’État et les consommateurs peuvent-ils redéfinir les règles du jeu pour une consommation plus équitable ?