S’il reste élevé à hauteur de 58,9 milliards d’euros, le déficit commercial français s’est réduit de 3,9 milliards d’euros en 2019. Et ce grâce aux performances enregistrées par des secteurs, dont le luxe, à l’image de LVMH, qui témoignent d’un savoir-faire recherché à l’étranger.

La semaine dernière, un éditorial de l’Usine nouvelle signé Christine Kerdellant vantait « la chance du modèle français ». À l’origine de cette analyse, un constat : en 2019, la croissance française, quoique faible à 1,2 %, s’est révélée deux fois supérieure à celle de l’Allemagne. Parmi les causes de cette performance relative, le poids des utilities, ces services non substituables liés aux infrastructures (eau, transports, construction de parkings), et l’amortisseur constitué par les dépenses publiques « en période de vaches maigres ».

Mais l’explication première donnée par l’éditorialiste est la suivante : notre commerce extérieur pèse moins lourd dans la balance des performances globales que chez le grand voisin germanique. À l’heure où le coronavirus risque de prendre la suite de la guerre commerciale sino-américaine pour entraîner un ralentissement du commerce mondial, les pays qui n’ont pas tout misé sur l’export ont moins de risques de pâtir du protectionnisme ambiant ou d’une baisse des échanges.

Les produits français ont le vent en poupe

Ce qui ne signifie pas pour autant que les capacités françaises à l’exportation sont décevantes. Les derniers chiffres du déficit commercial témoignent, au contraire, d’une étonnante capacité de résilience dans un contexte tendu. Malgré une seizième année de déficit consécutive, les entreprises hexagonales ont vendu l’an passé pour 508 milliards d’euros de marchandises sur les marchés étrangers (+ 3,3 %), portées par les locomotives de l’aéronautique, de la pharmacie et du luxe. Dans ce paysage où la diversité des produits associés au savoir-faire français est une chance, ce dernier secteur continue de surprendre par ses performances.

Rendant compte des chiffres du commerce extérieur, le Monde s’est concentré sur un objet qui symbolise à lui-seul la santé florissante du luxe : le rouge à lèvres. Sur ce simple produit, « le savoir-faire des marques françaises bénéficie d’une réputation inégalée auprès des consommatrices, partout dans le monde ». Il s’agit d’un article « jugé abordable » qui ouvre la voie à des achats plus conséquents, sacs, lunettes et autres chaussures. Au point qu’Hermès s’apprête à lancer sa gamme de rouges dans 35 pays et un nombre limité de points de vente. L’an passé, les ventes des fabricants français de cosmétiques à l’étranger ont franchi la barre des 15 milliards d’euros, dont un quart en Asie.

LVMH, figure de proue de la France qui s’exporte

En 2019, une entreprise a su profiter plus que les autres de cet engouement : LVMH. Avec une progression de son chiffre d’affaires de 10% en comparable, le groupe présidé par Bernard Arnault a signé une année record. Point d’orgue médiatique de cette année faste, le rachat du mythique joaillier Tiffany, opération menée en quarante-deux jours pour 14,7 milliards d’euros, une durée et un montant payé cash qui témoignent de l’envergure nouvelle prise par le groupe. Dernier coup d’éclat significatif : en lançant une opération sur le marché de la dette pour refinancer cette acquisition, LVMH s’est attiré un afflux d’acheteurs… pour un coût moyen de 0,05 %. La confiance dans le groupe et dans son secteur est telle que les prêteurs à long terme sont prêts à s’engager pour des rendements inférieurs à ceux du livret A !

Christine Kerdellant plaçait la bonne santé du luxe parmi les cinq déterminants clés du modèle français à l’orée des années 20. Bernard Arnault et François Pinault, note l’éditorialiste, « ont eu un flair extraordinaire en constituant leurs groupes de luxe par rachats successifs ». Coup de chance pour l’emploi national, « pour que leurs produits bénéficient de l’image France, ils doivent maintenir des emplois peu délocalisables ». Le secteur du luxe s’est imposé comme un facteur structurel de croissance. Et même si un virus né en Chine devait amoindrir ses performances en 2020, la France devrait pouvoir compter longtemps sur cette puissante locomotive à l’export.

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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