Polémique « au nom du peuple » : le front national a-t-il pu utiliser le slogan d’une association qu’il connaissait depuis 2015 ?
La polémique commence tout juste à s’atténuer. Mais elle pourrait être relancée avec cette information exclusive de Newsly. En juin 2015, soit plus d’un an avant la polémique sur le slogan « Au nom du peuple », l’association lyonnaise présidée par Corinne Morel aurait contacté avec deux autres associations les eurodéputés français à Bruxelles. Et parmi eux, les eurodéputés frontistes. Explication.
Une polémique dès le début de la campagne
C’est désormais officiel, Marine Le Pen et le FN s’engagent ouvertement dans la campagne présidentielle, avec pour slogan « Au nom du peuple ». Visible sur le pupitre et sur un fond lavande, il est lancé lors des Estivales à Fréjus – ville dirigée par David Rachline – le 17 et 18 septembre.
Mais, rapidement la polémique éclate. Le slogan est en effet également le nom d’une association lyonnaise, faisant la promotion de l’égalité de droit et de réformes de la justice française. Dans un communiqué de sa présidente Corinne Morel, l’association met en demeure le FN et Marine Le Pen de changer de slogan, menaçant le cas échéant de poursuites en justice pour ce qu’elle juge être du « parasitisme » et de la « contrefaçon ».
Rapidement, le FN réagit par l’intermédiaire de l’avocat de Marine Le Pen, Me David Dassa-Le Deist, qui publia un communiqué le 20 septembre. L’avocat explique clairement que « la marque « Au nom du peuple » a été déposée auprès de l’Institut National de la Propriété Industrielle » et ce « depuis plusieurs mois déjà ». Il estime en conséquence que la présidente du Front National est « seule détenteur des droits sur cette marque et peut à cet effet se prévaloir de toutes garanties d’antériorité. »
Une lettre aux eurodéputés français
Mais il y a un hic. En juin 2015, l’association apolitique « Au nom du peuple » mena une opération de communication « Pour une justice républicaine ». Il est possible de vérifier l’information sur le site de l’association.
Cette opération visait à interpeller plusieurs médias et à rencontrer des élus de tous bords à l’Assemblée Nationale, en marge d’un procès contre l’Etat pour « manquement à son obligation constitutionnelle de garantir les droits ». Réunissant 51 particuliers et 2 autres associations, le procès avait notamment pour but d’interpeller le public pour « dénoncer le fonctionnement défectueux de la justice » et condamner l’Etat à un euro symbolique.
L’opération fut conclu le 24 juin 2015 par une marche entre Lille et Bruxelles, à l’issue de laquelle les associations remirent une lettre aux eurodéputés français, y compris frontistes, dont nous avons pu nous procurer une copie (ci-dessous). Il est important de rappeler que suite aux élections européennes de 2014, le Front National obtint 24 sièges au Parlement Européen, sur 74.
Or, selon Mediapart , le vice-président et eurodéputé FN Jean-François Jalkh affirme « ne pas être au courant » du dépôt de la marque « Au nom du peuple ». « L’association lyonnaise n’a rien déposé à l’Inpi » affirme quant à lui Wallerand de Saint-Just. « On voit pas très bien comment ils peuvent justifier leur antériorité » explique-t-il.
Une réflexion qui laisse perplexe quant on sait que l’association « Au nom du peuple » créée en 2013 avait contacté l’ensemble des eurodéputés français, Marine Le Pen et Jean-François Jalkh inclus, un an avant le dépôt de la marque en juin. Reste donc à savoir si le FN a bel et bien, en connaissant cette association, décidé d’en reprendre le nom comme slogan pour la campagne de 2017. Un point que la justice devrait trancher dans les mois à venir.
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