Les Pays-Bas font face à un cas étrange: les cellules des prisons sont vides et les gardiens pénitenciers sont au chômage. Mais pourquoi donc ?
Jusqu’en 2004, les Pays-Bas souffraient d’une surpopulation carcérale. Mais douze ans plus tard, le pays a semble-t-il trouvé une solution pour mettre fin à ce phénomène grandissant dans toute l’Europe: une nouvelle stratégie d’application des peines a été mise en place et cela porte ses fruits.
Au cours des quinze dernières années, la population mondiale a augmenté de 18%. Dans le même temps, la population carcérale a connu une progression de 20%, selon une étude publiée par l’Institute of Criminal Policy Research en février. Exception européenne à cette règle, les Pays-Bas voient leur nombre de détenus baisser depuis plusieurs années relate le site 8e étage .
The Netherlands is housing asylum-seekers in former prisons https://t.co/OqeA3xyxmW
— TIME.com (@TIME) 19 mai 2016
Deuxième taux d’emprisonnement le plus faible d’Europe
Au début du mois de Juillet, le ministère de la justice néerlandaise a annoncé que le nombre total de détenus incarcérés dans les prisons néerlandaises avait chuté de 27% entre 2011 et 2015, comme l’écrit dans ses colonnes le Washington Post .
Un rapport du ministère de la Justice nous apprend que le pays peuplé de 17 millions d’habitants possède l’un des taux d’emprisonnement les plus faibles d’Europe avec 57 détenus pour 100.000 habitants. En France, ce taux est de plus du double: 121 pour 100.000 habitants en 2016.
Cette récente baisse de la population carcérale néerlandaise peut être attribuée à la fois à une diminution de la délinquance mais aussi à un changement de tactique. Le taux de criminalité du pays a plongé d’environ 0,9 % par an depuis plusieurs années. Dans le même temps, les peines de travaux d’intérêt général et les assignations à domicile avec port obligatoire d’un bracelet électronique ont augmenté.
Quel devenir pour ces établissements ?
Les prisons du pays étant pour la plupart vides, cela a conduit à la fermeture d’un certain nombre d’entre elles. En 2013, 19 prisons du pays ont été fermées. Au mois de mars, le journal De Telegraaf a rapporté que cinq autres pénitenciers étaient susceptibles de fermer. Mais que deviennent ces prisons qui demeurent vides ?
Le pays a loué les prisons inutilisées aux gouvernements norvégiens et belges pour accueillir leurs propres prisonniers. Certaines prisons vides ont même été utilisées pour loger des réfugiés .
« Les chambres sont conçues pour une ou deux personnes, il y a souvent des gymnases, et une bonne cuisine, » explique Janet Helder, un membre du conseil d’administration de l’organisme gouvernemental chargé de loger les demandeurs d’asile. « En ce sens, cela correspond à ce dont nous recherchions. »
Le centre de détention de la ville de Ruremonde, dans le sud des Pays-Bas, a même été transformé en hôtel de luxe .
Fermer des prisons n’est pas forcément un bon signe
Si la location des prisons à d’autres pays en manque d’espace carcéral est une bonne solution pour engranger des fonds et préserver des emplois, toutes les prisons ne bénéficient pas du même sort et le gouvernement n’a d’autre choix que de supprimer des postes. Malgré les efforts du gouvernement, 8 établissements fermeront leurs portes d’ici 2021 d’après un rapport confidentiel du ministère de la Justice dévoilé par De Telegraaf. Si cela permettrait de fermer 2500 cellules, la perte de 2600 emplois ne pourrait pas être évitée.
Le secrétaire d’Etat de sécurité et justice Klaas Dijkhoff a affirmé, suite à ces révélations, que les recommandations du rapport ne seraient pas appliquées en raison de la décision du gouvernement de ne pas fermer d’autres établissements d’ici la fin de son mandat, rapporte le site Dutch News.
Un débat existe également pour savoir si les prisons se vident grâce à la politique menée par le gouvernement ou s’il y a moins de criminels au travail… À ce propos, Le Monde diplomatique rapportait en novembre 2015 que le gouvernement ne s’expliquait pas la tendance baissière du taux de criminalité depuis des années.
Crédit photo principale : Wikimedia – Daria Raducanu