Alors que le dictionnaire compte 60.000 à 100.000 mots, certaines expressions deviennent des tiques de langage à bannir de toute urgence.
Petits mots parasites pour meubler un dialogue, conclure simplement ou appuyer ses propos, ils viennent nuire à notre discours. Comme l’explique Pierre Merle, sociologue, « ce sont des chevilles qui tiennent le discours« . Voici une liste des expressions à supprimer de toute urgence de votre vocabulaire.
1. « Quand même »
Avez-vous déjà essayé d’expliquer à un étranger la signification de l’expression « quand même » ? Habituellement utilisée pour insister sur un fait, cette expression peut facilement être remplacée par « finalement ».
Cette soirée était quand même sympathique »
Sous-entendu, « je pensais passer une mauvaise soirée, mais finalement, je me suis bien amusé ».
2. « Et tout »
Expression qui sert seulement à éviter de terminer une phrase ou développer une idée.
3. « Genre »
Expression très à la mode depuis quelque années, « genre » est devenu un véritable tique de langage, notamment chez les jeunes. « Genre » est une expression familière qui viendra catégoriser l’individu comme quelqu’un qui s’exprime mal alors qu’il pourrait remplacer ce mot parasite par « comme » ou « par exemple ».
4. « Voilà »
« Voilà » est une expression qui, si elle est utilisée correctement, a du sens. Par exemple, il est tout à fait logique de l’utiliser en début de phrase pour introduire une conséquence:
Voilà pourquoi j’ai décidé de travailler dans cette entreprise »
Malheureusement, trop souvent utilisée à l’oral comme un signe de ponctuation sans signification, « voilà » sert à conclure sans efforts et sans vraiment terminer la phrase. L’interlocuteur se retrouve alors avec une série d’information à laquelle il doit donner du sens. Cette expression sans intérêt est à bannir de toute urgence.
5. « En fait »
L’expression « en fait » est un petit mot qui devrait venir expliciter un fait. En pratique, elle vient polluer le discours et fait perdre toute crédibilité à l’individu qui l’emploie. « Non mais en fait je me suis trompé ».
6. « Tu vois »
Autre expression inutile et vide de sens, voire agaçante: « tu vois ». Non, votre interlocuteur ne peut pas voir ce que vous dites. En revanche, il peut éventuellement le comprendre.
7. « Mais bon »
Comme « voilà », « mais bon » est une expression souvent utilisée pour conclure. Seulement, cette particule sert également à exprimer un sentiment de résignation. Autant faire comprendre clairement qu’on est pas d’accord, non ?
Ok, on peut aller à la plage, mais bon »
Autrement dit: je veux bien t’accompagner mais j’aurais préféré aller ailleurs.
8. « J’avoue »
Encore faudrait-il savoir de quoi vous êtes accusé.
« Franchement, Leonardo Dicaprio, il est trop beau ! – J’avoue. »
Pourquoi devrions-nous être coupable d’apprécier la beauté d’un célèbre acteur ? Appartenant à un registre parlé et populaire, « j’avoue » est à comprendre comme une façon détournée d’approuver une affirmation. Autant répondre « Je suis d’accord avec toi ».
Cela dit, tous les aveux ne se valent pas: « Tu m’as trompée ! – J’avoue. »
9. « À la base »
Expression communément utilisée pour expliquer ce qui était prévu initialement, « à la base » est une expression familière qui n’apporte pas de contenu au discours.
10. « C’est clair »
Expression « visuelle », elle permet d’approuver des propos et favorise la surenchère. Autre mots possibles à employer: « assurément », « bien sûr » ou « évidemment ».
Une erreur fréquente:
« On n’y voit rien ici ! – C’est clair. »
Et vous, connaissez-vous d’autres expressions inutiles à bannir de votre vocabulaire ?
Crédit photo principale : Wikimedia – Cadaverexquisito
Chronique fort éclairante, à condition d’éviter les « tiques » de l’auteure. Des bestioles dont on se passerait bien à leur tour. Restons-en aux « tics de langage ».