Après l’oms, le gouvernement français s’attaque à son tour à monsanto
C’est un nouveau revers pour la firme américaine Monsanto. Suite à une interview de Ségolène Royal sur France 3, cette dernière a déclaré que le RoundUp allait être interdit à la vente libre en France en 2016. Une réaction qui tombe quelques mois après les déclarations par l’OMS et le Centre international de recherche sur le cancer que le glyphosate, principal agent chimique du RoundUp, était un cancérogène probable chez l’homme .
Une interdiction réclamée par beaucoup d’associations
« La France doit être à l’offensive sur l’arrêt des pesticides. » Voilà le mot d’ordre de la ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie. De quoi satisfaire de nombreux acteurs de la société civile qui alertaient depuis longtemps sur les méfaits probables du glyphosate.
L’association CLCV fut notamment en première ligne sur la question, réclamant l’interdiction de la vente libre du RoundUp. « L’annonce faite par Madame Royal montre que nous avons été entendus. » se félicite l’association dans un communiqué lundi 15 Juin. « Il s’agit d’une avancée majeure en la matière que nous saluons. »
L’interdiction du RoundUp n’est cependant qu’une étape selon CLCV, qui souhaite aller plus loin : « Dans cette optique, nous sommes favorables à l’interdiction de la vente en libre-service de l’ensemble des produits contenant du glyphosate : en jardinerie mais également dans les supermarchés et les magasins de bricolage. »
Quelques jours plus tôt, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll avait affirmé dans un communiqué que « l’acheteur amateur bénéficiera d’un conseil renforcé systématique lors de la vente de ces produits avec une information sur les interdictions à venir et les alternatives » en restreignant la vente à des vendeurs certifiés. Une revendication portée également par l’association de consommateur.
Monsanto s’étonne d’une « stigmatisation »
Rapidement après les déclarations de Ségolène Royal, la branche française de Monsanto réagit et « s’étonne » des propos tenus par la ministre et dénonçant un coup de communication et « la stigmatisation de l’entreprise auprès de l’opinion française ».
Alors que la firme explique que près de 180 produits vendus actuellement utilisent la même molécule que le RoundUp, Monsanto rappelle également que « le statut réglementaire du produit est parfaitement clair » et « qu’à ce jour absolument aucune nouvelle donnée scientifique récente ne permet de remettre en cause son autorisation ou ses conditions de commercialisation ».
Un avis qui n’est pas partagé par le CIRC, une partie de la société civile et même dans d’autres pays ! Alors que l’annonce de l’interdiction en vente libre tombe en France, la Colombie vient d’interdire l’épandage du glyphosate, sur la demande du ministre de la Santé Alejandro Gaviria. Un choix qui déplaît cependant à une partie du gouvernement colombien, l’herbicide étant employé dans la destruction des plantations des guérilleros, qui se financent par la production et le trafic de drogue.
Une simple opération de com’ pour ségolène royale ?
Selon Sophie Bordères, de l’association Générations futures, cette annonce de la ministre de l’écologie ne serait autre qu’une simple manœuvre de communication, l’interdiction de tous les pesticides en vente libre étant déjà prévue pour 2018.
Interdiction de la vente en libre service du #RoundUp : le coup de com de @RoyalSegolene http://t.co/8M8z53gEYD avec @genefutures
— Sophie Bordères (@sophieborderes) 16 Juin 2015
Pour rappel, le 26 mars dernier, le docteur Patrick Albert Moore, un expert en écologie et environnementaliste canadien, a avancé que le glyphosate « n’aurait pas augmenté le taux de malades du cancer en Argentine. […] Vous pouvez en boire un grand verre et ça ne vous fera aucun mal. ». Mais quand le journaliste l’invite alors à boire un verre de Roundup, il n’est plus très sûr de bien vouloir goûter au savant breuvage :
Crédit photo principale : Flickr – Day Donaldson