« Les Ruches » qui veulent disrupter la grande distribution séduisent les français et voient plus loin

Oubliez votre supermarché et achetez directement auprès de vos fermiers et producteurs locaux. La startup française La Ruche Qui Dit Oui ! fait des vagues ici en France depuis un certain temps maintenant. Mais il semble que les investisseurs internationaux aient également vu un bel avenir pour cette société basée sur l’économie collaborative. La plateforme en ligne de vente de produits alimentaires locaux en circuit court vient de lever 8 millions d’euros auprès de Union Square Ventures et Felix Capital. XAnge et Quadia ont aussi participé au tour de table.

Cette startup est fascinante pour de nombreuses raisons. La Ruche pourrait bien avoir trouvé le modèle économique le plus efficace dans son domaine.

« L’année dernière, nous nous sommes lancés au Royaume-Uni, en Allemagne, Espagne et Italie. Cette levée signifie que nous devons consolider nos marchés existants », a indiqué le co-fondateur Marc-David Choukroun à TechCrunch . « Nous devons aller plus vite en ce qui concerne notre pouvoir d’innovation. »

Le pitch: se rassembler pour acheter les meilleurs produits aux agriculteurs et aux artisans de nos régions

Voilà comment fonctionne La Ruche Qui Dit Oui ! : il existe des centaines de « ruches » dans de nombreuses localités en France. Vous devez d’abord trouver votre ruche locale sur le site Web de l’entreprise et vous inscrire à la newsletter. Chaque semaine, le gestionnaire de votre ruche va vous envoyer un email et vous dire ce que vous pouvez venir acheter cette semaine. Les producteurs locaux viennent alors vendre directement leurs produits aux consommateurs finaux, vous. C’est un excellent moyen de parler avec vos voisins et aux agriculteurs locaux.

Ce modèle est la clé pour comprendre le succès rapide de La Ruche. La société offre simplement une place de marché, ce qui est un atout majeur pour tout le monde.

Premièrement, les agriculteurs locaux reçoivent plus de 80% pour chaque produit vendu (selon le site, le producteur paye des frais de service qui correspondent à 16,7 % de son chiffre d’affaires hors taxes), ce qui est environ quatre fois mieux que ce qu’ils pourraient obtenir de la part d’une chaîne de supermarchés. Chaque producteur fixe librement son prix de vente car il est le mieux placé pour évaluer le prix juste. Il n’y a donc pas d’intermédiaire, il s’agit d’une vente directe suivie d’une facturation de service. Le producteur peut donc pratiquer des prix compétitifs.

La Ruche qui dit Oui ! fonctionnement

Le producteur reçoit l’argent du consommateur et rémunère le propriétaire de la ruche ainsi que la « ruche-mama » c’est à dire la plateforme – Crédit photo: La Ruche qui dit Oui !

Deuxièmement, La Ruche ne gère pas directement ces communautés locales. Des responsables de Ruches sont là pour ça. Ce sont des entrepreneurs indépendants qui connaissent probablement déjà le fonctionnement de l’alimentation locale et souhaitent profiter de la plate-forme de la startup. Ces responsables obtiennent une part de chaque vente qui s’élève à 8,35%. Et si la gestion d’une Ruche nécessite environ dix heures par semaine, un sondage interne indique que 40% d’entre eux aimeraient travailler sur leurs ruches à temps plein.

Enfin, La Ruche profite de sa position de fournisseur de services, en fournissant la technologie, la marque et le réseau pour aider les agriculteurs locaux à obtenir un prix plus juste et fournir des aliments sains à davantage de personnes. La société conserve ainsi 8,35% de chaque transaction également.

Concurrencer les supermarchés

Guilhem Chéron, qui a eu l’idée de La Ruche Qui Dit Oui !, explique à Challenges.fr que « pour avoir une logistique efficace, il faut repenser toute la chaîne de valeur. Car elle reste très incomplète actuellement ». Il continue en affichant clairement l’ambition de la société : concurrencer les supermarchés. « Cela peut paraître prétentieux, mais en même temps, on n’a pas le choix, il faut changer de système alimentaire ».

Dans l’ensemble, seulement 70 personnes travaillent pour La Ruche, avec 15 personnes travaillant sur la conception et le développement de produits à l’heure actuelle. « Nous avons seulement besoin de 3 ou 4 personnes pour gérer un réseau de 100 à 200 ruches », explique Marc-David Choukroun.

La Ruche qui dit Oui ! carte des régions

L’économie collaborative, on connaît en France. Blablacar mais aussi Uber, Airbnb, les compagnies dont le business model est basé sur le partage sont nombreuses et florissantes. Aujourd’hui, La Ruche compte plus de 700 ruches en France pour près de 5000 producteurs locaux et quelques 100 000 membres actifs. Ces derniers peuvent venir faire leurs courses chaque semaines dans la ruche la plus proche de chez eux, pour y trouver des fruits, légumes, pain, charcuterie, fromage, viande, bière…

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Les fonds levés serviront à l’extension à l’Europe mais aussi au financement de 30 fermes durables

Les 8 millions d’euros que La Ruche vient de lever auprès des différents fonds servira principalement au financement d’une trentaine de fermes durables. « Nous manquons d’offre » affirme Guilhem Chéron. « C’est une agriculture fragile, moins subventionnée. Nous avons besoin de ces producteurs pour faire vivre notre business model. »

Il y a quelque chose de particulier dans la culture et le modèle de La ruche. Alors que la startup a trouvé un excellent moyen de créer une place de marché alimentaire scalable (extensible à l’international), Marc-David Choukroun parle également beaucoup de la mission de l’entreprise, à savoir l’autonomisation des agriculteurs et producteurs locaux, permettant une meilleure façon de manger. « Nous avons de nombreuses demandes pour devenir responsable de ruche, mais nous contrôlons vraiment ces demandes. Nous ne sommes pas Uber, nous ne voulons pas inonder le marcher et favoriser la concurrence entre les conducteurs », a-t-il dit. « Nous faisons tout pour que les membres de la communauté ne soient pas en concurrence entre eux ».

La Ruche pourrait croître encore plus vite que cela, mais la société souhaite aussi rester fidèle à ses valeurs.

Crédit photo principale : Facebook – La Ruche qui dit Oui

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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