La corrida n’est plus inscrite au patrimoine culturel français, a décidé la cour administrative d’appel de Paris

Saisie par deux associations anti-corrida, la Cour Administrative d’Appel de Paris a estimé que la corrida, ou tauromachie, devait être retirée de la liste du patrimoine culturel national.

Les défenseurs des droits des animaux en France ont crié victoire ce jeudi 4 juin après qu’un tribunal ait statué que la corrida ne devait plus faire partie de la liste du patrimoine culturel immatériel français. La corrida est autorisée en France dans les régions où elle a été une longue tradition, comme dans les villes de Nîmes ou Béziers par exemple. En 2011, la France a décidé d’ajouter la tradition à sa liste du patrimoine immatériel, au côté de la tarte tatin et des chants de bergers basques.

Le ministère de la Culture avait quelques semaines plus tard retiré la corrida de la liste, du moins sur ses sites officiels, prétextant « un problème technique » ayant duré 4 années… Mais le « Comité radicalement anti-corrida Europe » et « Droit des animaux », deux associations anti-tauromachie, avaient déclaré que ce n’était pas suffisamment définitif et ont ainsi porté l’affaire devant les tribunaux en juillet 2011, demandant l’annulation de cette décision d’inscription, laquelle fut rejetée en première instance le 3 avril 2013.

« La première grande victoire dans la lutte anti-corrida depuis au moins 15 ans »

« L’abrogation de la tauromachie de la liste du patrimoine culturel de la France, obtenu après quatre années de bataille judiciaire acharnée est une victoire sans précédent dans l’histoire de l’abolition dans notre pays », a déclaré Jean-Pierre Garrigues, président du CRAC Europe , l’organisation anti-corrida. « C’est un grand coup porté aux tortionnaires d’animaux, et cela nous donne l’énergie de poursuivre notre objectif : l’abolition définitive et totale de la tauromachie, cette pratique barbare qui est condamnée par les trois quarts des Français. »

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Dessin de Man à l’époque de l’inscription de la corrida sur la liste du patrimoine culturel – Crédit photo: MAN

La corrida est illégale dans 90% du territoire français et est uniquement autorisée en vertu d’une exemption judiciaire spéciale dans quelques dizaines de villes dans le sud de la France. L’industrie de la tauromachie, officiellement rayée de la liste du patrimoine, n’a maintenant plus aucune raison culturelle de poursuivre ses actes de cruauté envers les taureaux et les chevaux.

En 2012, Manuel Valls, né à Barcelone, avait déclaré que la corrida était une « culture à préserver ». « C’est quelque chose que j’aime, ça fait partie de la culture de ma famille », avait-il expliqué, avant d’évoquer les dangers d’une éventuelle interdiction. « Dans un pays en crise, avec des Français qui doutent de leur identité, tout ne peut pas se ressembler. » « On a besoin de ces racines, ne les arrachons pas. »

La tauromachie subventionnée par le gouvernement français

« Depuis quatre ans, les entreprises de la tauromachie les plus puissantes en France ont caché le fait qu’elles étaient financièrement dans le rouge, à l’exception d’un allègement fiscal subventionné grâce à leur présence au patrimoine culturel, » a déclaré Roger Lahana, vice-président de CRAC Europe. « Cela leur a permis de faire du profit illégalement et à partir de maintenant, elles ne seront plus en mesure de s’en sortir. »

La loi française reconnaît actuellement le caractère sensible des animaux et la Commission européenne stipule que « l’Union européenne croit en l’importance de la protection des animaux. »

Alors que les organisations anti-corrida célèbrent leur victoire ce weekend, les acteurs français de la tauromachie et leurs fans vieillissants s’accrochent fermement à leur tradition dans les dernières villes qui subsistent dans le sud et sud-ouest de la France. Ce dimanche 7 juin, des militants des droits des animaux protesteront bruyamment devant l’arène de Captieux , près de Bordeaux, tandis que 6 taureaux seront torturés et poignardés à mort.

L’abrogation en vigueur dès ce jeudi

Comme l’indique Jean-Pierre Garrigues, cette décision est finale, et non suspensive ! Ce qui signifie que son exécution est immédiate, et qu’elle ne peut pas être suspendue, même en cas de recours en appel. « Les pro-corrida vont certainement faire appel et saisir le Conseil d’Etat, mais même si ils le font, c’est trop tard. La corrida n’est PLUS inscrite au Patrimoine Culturel Immatériel de la France à compter d’aujourd’hui. Tant que le Conseil d’Etat ne rend pas une éventuelle décision contraire (à condition qu’il soit saisi), la corrida restera exclue du PCI français. »

Source : Planète Animaux. Crédit photo principale : Flickr – Ekinez Sortu

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle apporte un regard aiguisé sur les sujets d’actualité, enrichissant chaque article d’analyses captivantes. Contact : [email protected].

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