Vers un meilleur accompagnement et une fin de vie apaisée
Le sujet de la fin de vie est un débat très alimenté, tant en termes de convictions éthiques que de convictions religieuses. Le 17 mars 2015, l’Assemblée Nationale a unanimement adopté la proposition de loi sur la fin de vie, qui intronise un droit à une sédation profonde et continue pour les malades en phase terminale. Cette proposition, faite par le député UMP Jean Leonetti, complète la loi de 2005, connue sous le nom de « Loi Leonetti » et portant sur l’interdiction de l’obstination thérapeutique déraisonnable pour tous les malades. Cette dernière restait jusqu’alors encore insuffisamment appliquée, faute de formation insuffisante des médecins ou de méconnaissance des patients.
Le droit à être entendu : un triple objectif
L’une des grandes avancées de cette loi concerne le droit des patients dont le pronostic vital est engagé. Elle vise à limiter ou à refuser les traitements ainsi qu’à faire la demande d’un endormissement profond et continu jusqu’au décès. Une manière de prévenir ou de soulager les douleurs, en toute transparence et dans le respect total de l’autonomie des patients.
La révision de cette loi porte sur trois enjeux :
1. Le développement de la médecine palliative
Alors que seuls 20% des médecins seraient formés, une formation en médecine palliative est désormais rendue obligatoire, tant pour les étudiants en médecine spécialisée et donc directement concernés par la fin de vie (cancérologie, gériatrie, réanimation, neurologie…) que pour les étudiants en médecine générale.
2. La rédaction des directives anticipées mieux encadrée
Toute personne majeure souffrant d’une maladie incurable est en droit d’indiquer par avance les situations dans lesquelles elle ne souhaite pas se trouver en fin de vie, en rédigeant des directives anticipées. Ces dernières se feront préférentiellement avec le soutien d’un médecin qui saura leur donner toutes les explications, notamment sur la maladie diagnostiquée et sa possible évolution.
Une solution particulièrement adaptée aux patients qui entreraient en situation critique (incapacité physique ou mentale) et qui ne seraient de ce fait plus en mesure de donner sciemment leurs directives. Cela résout aussi les avis divergents entre les membres de la famille, ou même entre la famille et le corps médical, en ce qui concerne les traitements à poursuivre ou à suspendre.
3. Une meilleure organisation du recueil des directives anticipées
Pour pallier au système actuel qui permet difficilement d’obtenir les éventuelles directives anticipées, deux dispositifs sont prévus :
- la mise en place d’une alerte sur la carte vitale qui permettra à tout médecin d’y accéder
- la mise en place d’un lieu de centralisation informatisé et sécurisé permettant un recours automatique
De la sédation profonde à l’euthanasie : un pas à franchir ?
Le gouvernement français ne semble pas être encore prêt à donner le droit au suicide assisté ni même à l’euthanasie. Cette nouvelle loi reste toutefois salutaire pour les malades qui ne souhaitent pas « se voir mourir » mais aussi pour les proches, pour qui les circonstances sont très difficiles.
Si les français sont très majoritairement favorables à la sédation profonde et continue, pas moins de 80% d’entre eux pensent tout de même que le suicide assisté devrait être autorisé. Face à des pays comme les Pays-Bas, la Belgique et plus récemment le Luxembourg où l’euthanasie active est légale, ou encore la Suisse et les États américains de l’Oregon et de Washington où le suicide assisté est autorisé, la France n’est peut-être qu’en phase de transition ? En tous cas, les voix s’élèvent à ce sujet. Si cette loi ne représentait qu’une étape avant la légalisation du suicide assisté, la possibilité serait alors donnée à chacun de choisir l’heure de sa mort pour ainsi partir en toute dignité.
Crédit photo principale : Pixabay – debowscyfoto
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