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Alors que la production de biogaz en France atteint des sommets inégalés, le secteur des gaz renouvelables s’inquiète de sa pérennité. Avec une hausse de 27 % en 2024, la production semble florissante. Cependant, des questions cruciales concernant la réglementation, le soutien étatique et l’adoption de nouvelles technologies pèsent sur l’avenir de cette filière verte. L’absence d’orientations claires dans la programmation énergétique nationale, la PPE 3, ainsi que des incertitudes économiques et géopolitiques, menacent de ralentir ce qui pourrait devenir un pilier de la transition énergétique. Des décisions politiques majeures sont attendues pour sécuriser cet élan.
Un record de production de biogaz, mais une dynamique au ralenti
Le 10e Panorama des gaz renouvelables, publié en avril 2025, révèle que le biogaz français a franchi un cap important. En 2024, la production a atteint 11,6 térawattheures (TWh), marquant une augmentation de 27 % par rapport à l’année précédente. Cette performance repose principalement sur la méthanisation de déchets agricoles, ménagers et industriels. Le biogaz représente désormais 3,2 % de la consommation de gaz naturel en France, avec 731 sites injecteurs de biométhane, dont 65 % issus du monde agricole. Toutefois, cette croissance cache une dynamique en ralentissement. En effet, seulement 79 nouvelles unités ont été mises en service en 2024, un chiffre bien inférieur aux années précédentes. Les causes de ce ralentissement sont multiples, incluant une révision tarifaire défavorable en 2020, un manque de visibilité économique et les crises successives qui ont gelé les investissements. Avec 1 358 projets recensés, dont beaucoup en attente de raccordement, le potentiel de développement reste important mais incertain.
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De trop faibles ambitions dans la PPE 3
La PPE 3, ou loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, est au cœur des inquiétudes des acteurs du biogaz. Cette programmation manque d’ambition pour les technologies complémentaires telles que la pyrogazéification et le power-to-methane. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) critique l’absence d’objectifs chiffrés pour ces procédés, une lacune stratégique face aux impératifs de décarbonation. Les Certificats de production de biogaz (CPB), essentiels à la structuration économique du secteur, restent dans le flou quant à leur prolongation après 2028. L’instabilité du cadre actuel freine les financeurs, et les porteurs de projets demandent des dérogations à la loi Zéro Artificialisation Nette pour faciliter l’accès au foncier. Malgré un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros, le secteur demeure en retrait, avec 75 % des projets en attente affichant une capacité inférieure à 25 GWh par an. Les attentes des acteurs pour un plafond de 100 TWh d’ici 2035 ne sont pas satisfaites, ce qui limite le potentiel de développement.
Les défis des technologies non conventionnelles
Les technologies non conventionnelles, telles que la pyrogazéification et la gazéification hydrothermale, pourraient révolutionner le secteur du biogaz. Cependant, leur intégration reste marginale en France. Ces procédés offrent des opportunités significatives pour diversifier les sources de biogaz, mais l’absence de soutien et de reconnaissance dans les politiques publiques entrave leur développement. Les innovations technologiques sont cruciales pour atteindre un mix gazier entièrement renouvelable. L’incapacité à intégrer ces technologies dans les trajectoires énergétiques officielles constitue un frein majeur. Cela soulève des questions sur la volonté politique de réellement transformer le paysage énergétique français en adoptant des solutions durables et innovantes.
Le rôle des collectivités locales et des syndicats mixtes
Les projets territoriaux, portés par les collectivités locales et les syndicats mixtes, représentent environ un quart de la production de biogaz en France. Ces initiatives sont vitales pour soutenir la transition énergétique à l’échelle locale. Par leur nature, ces projets favorisent une approche décentralisée de la production énergétique, impliquant directement les communautés locales. Cependant, elles sont encore confrontées à des défis importants, notamment en termes de financement et de réglementation. Leur succès dépend largement du soutien des pouvoirs publics et de la création d’un environnement favorable à l’innovation. Les collectivités locales jouent un rôle crucial dans l’accélération de la transition énergétique, mais elles ont besoin d’un cadre politique et économique stable pour maximiser leur impact.
Face à ces défis, l’avenir du biogaz en France semble incertain malgré des performances prometteuses. Les décisions politiques à venir seront déterminantes pour consolider une filière en plein essor. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils ajuster leurs stratégies pour soutenir efficacement le développement des technologies innovantes et répondre aux impératifs climatiques ?
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Pourquoi les technologies non conventionnelles comme la pyrogazéification ne sont-elles pas plus soutenues ? 🤔
Super article, merci pour ces infos détaillées sur le biogaz !
C’est vraiment dommage que l’on ait tant de projets en attente. Que fait le gouvernement ?
Je ne comprends pas pourquoi la PPE 3 est si peu ambitieuse. Quelqu’un peut m’expliquer ?
Si la production de biogaz a augmenté de 27 %, pourquoi parle-t-on d’un avenir incertain ?
@Jean, la pyro nécessite des températures élevées, qui font qu’il faut consommer plus d’énergie qu’on en retire !
@emile Faucher, Mais où peut-on se procurer la liste des 1358 projets ? Il y a déjà plus de 2000 méthaniseurs en service, et même pas 10% eq gaz naturel ! C’est une voie sans issue, délétère pour l’environnement. Il serait bon de pouvoir concerter les populations sur tous ces projets …