La réforme des heures creuses pour la recharge électrique prévue d’ici une décennie pourrait bouleverser les habitudes des Français et influer sur le coût de l’utilisation des véhicules électriques, pénalisant potentiellement ceux qui rechargent majoritairement la nuit.

Un changement stratégique en vue

Le gestionnaire du réseau électrique RTE a récemment dévoilé un projet ambitieux qui pourrait transformer le paysage énergétique en France. Selon RTE, les heures creuses nocturnes actuelles, principalement destinées à offrir un tarif d’électricité réduit, pourraient être déplacées en pleine journée au cours de la prochaine décennie. Ce changement vise à aligner les périodes de faible coût énergétique avec les moments où la production des énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire, atteint son apogée.

Le contexte actuel de la recharge électrique

Aujourd’hui, les propriétaires de véhicules électriques adoptent plusieurs stratégies pour minimiser leur facture énergétique. Parmi celles-ci, les contrats d’électricité spécifiques comme les forfaits heures creuses/pleines, qui proposent des tarifs nocturnes avantageux pour la recharge des véhicules, constituent une option populaire. D’autres se tournent vers le contrat « Tempo » d’EDF, qui offre des tarifs encore plus bas mais impose 22 jours dits « rouges » durant l’année avec des tarifs nettement plus élevés.

Cependant, la bascule des heures creuses vers la journée pourrait bouleverser ces habitudes bien établies. Actuellement, la nuit est le moment privilégié pour recharger les véhicules électriques. Cette période, marquée par une faible demande énergétique et des tarifs réduits, permet aux utilisateurs de laisser leur voiture se charger pendant qu’ils dorment.

Vers une production d’énergie plus verte et excédentaire

La proposition de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) envisage de profiter de l’excédent de production d’énergie renouvelable en journée, en particulier durant l’été lorsque les panneaux photovoltaïques fonctionnent à pleine capacité. L’idée est de réorienter les heures creuses vers ces moments de production excédentaire pour optimiser l’utilisation de l’énergie verte.

Cependant, cette approche n’est pas dénuée de complexité. Le calendrier des heures creuses pourrait devenir saisonnier et plus dynamique, s’adaptant aux variations de production énergétique. Durant l’hiver, lorsque les sources d’énergie pilotables (nucléaire, gaz) prédominent, les heures creuses pourraient revenir à leur plage nocturne actuelle.

Les implications pour les utilisateurs de véhicules électriques

Cette redistribution des heures creuses ne sera pas sans conséquence pour les propriétaires de véhicules électriques. La recharge en journée pourrait s’avérer problématique pour ceux qui laissent leur véhicule à domicile durant leur absence, au travail par exemple. Si les heures creuses sont majoritairement en journée, la recharge nocturne, actuellement la plus économique, pourrait devenir nettement plus coûteuse.

Pour les bornes de recharge publique, la situation est tout aussi incertaine. Les opérateurs comme TotalEnergies, Tesla, Electra ou Fastned pourraient ajuster leurs tarifs en fonction des nouvelles heures creuses, mais rien ne garantit une répercussion directe de ces ajustements sur les tarifs de recharge publique. Tesla est l’un des rares à pratiquer actuellement une tarification différenciée entre jour et nuit.

Un horizon de réflexion et d’adaptation

RTE précise que les premiers changements ne seraient effectifs que dans trois à quatre ans, avec une transition complète potentiellement étalée sur une décennie. Cela laisse aux divers acteurs du marché ainsi qu’aux utilisateurs de véhicules électriques le temps de s’adapter à cette nouvelle donne énergétique. Pendant ce laps de temps, le prix de l’électricité continuera très probablement à évoluer, influençant de manière concomitante la rentabilité des différentes stratégies de recharge.

Dans ce contexte de transformation énergétique, la question qui se pose est de savoir comment les usagers et les fournisseurs d’énergie adapteront-ils leurs comportements et infrastructures pour maximiser l’utilisation d’une énergie de plus en plus verte. La transition vers ces nouvelles habitudes aboutira-t-elle à des gains économiques substantiels pour les utilisateurs de véhicules électriques ou créera-t-elle de nouvelles inégalités tarifaires ?

Ça vous a plu ? 4.6/5 (22)

Partagez maintenant.

Jessica, journaliste aguerrie avec une solide expérience en gestion de projet et rédaction web, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle capte l'attention par des contenus précis et percutants, couvrant les évolutions médiatiques avec rigueur et clarté. Contact : [email protected].

Publiez votre avis