Les cartes Pokémon, loin d’être un simple jeu pour enfants, se sont muées en véritables objets de spéculation. Leur statut n’échappe pas non plus à l’attention de l’administration fiscale qui a récemment précisé leurs règles de taxation.
Des simples jeux aux objets de spéculation
En un quart de siècle, l’engouement pour les cartes Pokémon a pris une ampleur à peine imaginable. Ce qui n’était à la base qu’un jeu de cartes destiné aux enfants s’est aujourd’hui mué en un véritable business. Proposées à des prix incroyables, ces cartes suscitent indubitablement la convoitise des investisseurs. Avec une diversité à couper le souffle, ces petits bouts de papier sur lesquels figurent les visages de créatures très variées, sont devenus des objets de spéculation fort prisés.
Un «Pikachu illustrator», une carte Pokémon par exemple, a été acquis au prix faramineux de 4 477 146 euros, chiffre qui illustre bien cette escalade. Un sondage eBay montre d’ailleurs qu’environ 8% des Français collectionnent ces cartes.
Une fiscalité draconienne
Toutefois, malgré cette folie collégialière, ces cartes ne peuvent apparemment pas prétendre au statut d’objets de collection. Selon le Bulletin officiel des finances publiques (Bofip), les cartes Pokémon doivent être taxées à hauteur de 36,2% pour toute vente supérieure à 5 000 euros. Le Code général des impôts (CGI) ne les considère pas comme des objets de collection, malgré leur utilisation similaire à celle des timbres ou cartes postales.
Dans cette lignée, Thomas Le Boucher, partenaire du cabinet Cyplom et spécialisé en TVA, explique que l’administration ne fait que respecter la régulation européenne. Selon cette dernière, une liste bien définie expose les objets de collection, et malheureusement, les cartes Pokémon n’y figurent pas.
Des biens de consommation
Ainsi, ces cartes sont considérées comme des biens de consommation et non comme des objets d’art, ce point influençant notablement leur fiscalité. Sauf exceptions, par exemple pour une « carte historique », évaluation subjective, la règle générale s’applique donc. Une vente dépassant le seuil de 5 000 euros engendre un impôt au taux forfaitaire de 19%, cumulé à des prélèvements sociaux s’élevant à 17,2%. Ceci porte la charge fiscale à 36,2%. Les biens de collection, en revanche, sont taxés à hauteur de 6,5% pour des ventes supérieures à 5 000 euros.
Ainsi, face à cette disparité fiscale, est-on en train de freiner l’essor d’une nouvelle forme de collection ? Les cartes Pokémon ne mériteraient-elles pas un statut spécifique lié à leur singularité ?