Alors que le gouvernement argentin attaque l’industrie cinématographique locale, revendiquant une distribution plus juste des ressources, nous examinons comment le cinéma est vraiment financé et son impact positif encore méconnu sur l’économie et sur l’esprit des spectateurs.
En Argentine, le cinéma en ligne de mire
Javier Milei, président d’Argentine et ardent défenseur de l’anarcho-capitalisme, a changé radicalement les règles du jeu. Son administration a discuté la possibilité de réduire drastiquement le financement de l’Incaa, l’équivalent argentin du Centre national du cinéma en France. Cette organisation assure la promotion et la diffusion du cinéma local, y compris le Festival international de Mar del Plata et l’école nationale du 7e art.
La justification donnée par le gouvernement pour cette décision drastique est l’effort de redistribution des ressources afin d’éviter de sacrifier le bien-être de ceux qui ont le plus besoin, constat qui a été mal accueilli par les passionnés de cinéma partout dans le monde.
Répartition de la charge fiscale
Il est important de noter que l’Incaa est largement financé par une taxe sur les billets de cinéma et par une contribution prélevée sur les chaînes de télévision. Cela signifie donc que les cinéphiles, ceux qui profitent le plus du cinéma, portent la majeure partie du fardeau fiscal lié à cette industrie. Les films argentins, pourtant reconnus à l’international pour leur qualité et leur diversité, avec près de 200 productions par an, sont à présent menacés.
Réalité française versus rhétorique argentine
En France aussi, la demagogie de Milei se fait sentir. Son argument selon lequel « les films d’auteur, projetés devant des salles vides, sont financés par nos impôts » est reproduit. Pourtant, tout comme en Argentine, le modèle français repose sur une taxe prélevée sur les billets de cinéma et sur les contributions des chaînes et des plateformes. Cette redistribution des ressources a permis au cinéma français de rayonner à l’échelle internationale.
Mais bien au-delà de son impact culturel, l’industrie cinématographique contribue également de manière significative à l’économie nationale. Selon une étude de 2012, le cinéma et l’audiovisuel représentaient près de 0,8% du PIB et 1,3% de l’emploi en France, soit une valeur économique équivalente à celle de l’industrie automobile.
Bien plus que du divertissement
Loin d’être une épine dans le pied de l’économie, l’industrie cinématographique apporte une valeur incommensurable tant sur le plan économique qu’artistique. Non seulement son soutien génère des retombées économiques importantes, mais elle offre également une source d’enrichissement immense pour ceux qui la contemplent.
Finalement, la question mérite d’être posée : sommes-nous prêts à brader notre héritage culturel, source insoupçonnée de richesse économique et intellectuelle, sur l’autel de politiques économiques réductrices ?
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